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Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig

¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
Ludwig Carpentier

▬ look like : Axel Auriant-Blot
▬ talks : 126
▬ job : Serveur de hot dog en plus du lycée.
▬ love life : Messy as hell. Loved by a beauty king. His first one. His only one.
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro3_500

"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_potctcscRc1r1tkjgo3_250


▬ alias : Zézette
▬ copyright : Macky

   



Xavier & Ludwig



Le grand jour était arrivé et Ludwig ne pouvait pas nier qu'il était fébrile. Pour être tout à fait honnête, il l'était depuis la dernière seconde passée en compagnie de Xavier trois jours plus tôt. La vie avait repris son cours naturel depuis ce doux instant où il l'avait regardé quitter la pièce avec des yeux angéliques. L'angoisse l'avait repris bien vite après cela parce que le monde alentour n'avait pas continué d'agir en leur absence. Les gens avaient continué à murmurer sur son passage alors qu'il s'évadait bien vite du lycée pour se rendre à son service dans son magasin de restauration rapide. Il avait passé le reste de la journée à enfourner des hot-dogs ignorant tout le reste, même les quelques têtes qu'il avait cru entrevoir derrière la vitrine. Heureusement pour lui, Ludwig était de corvée de préparation des sandwichs ce jour là alors il n'eut pas à se confronter aux rires des quelques camarades lycéens qui venaient vérifier si la rumeur était vraie. Il avait donc survécu tant bien que mal à cette première journée, terminant dans son lit vers minuit sans même avoir le temps de cligner des yeux avant de s'endormir. Au petit matin, ses yeux s'ouvrirent difficilement et alors qu'il retrouva un semblant de vision, son visage tomba nez à nez avec l'heure qu'affichait son réveil et il se releva avec hâte, ses cheveux ébouriffés, s'habillant sans faire attention au sens de ses vêtements, dévalant les escaliers son sac sur le dos pour quitter la maison avant même d'avoir pris le temps de répondre au bonjour de sa mère. Il retrouvait le lycée à neuf heures piles. Tout le monde était déjà en cours depuis un bon quart d'heure et lui se baladait dans les couloirs vides avec une certaine quiétude. Finalement, il était heureux d'être en retard, cela lui évitait d'avoir à supporter les regards des autres, à nouveau. Il marcha doucement vers sa première heure de classe, s'arrêtant devant la porte, sentant instantanément son coeur battre à tout rompre contre sa poitrine. Sa respiration devint haletante et sa gorge se noua. Il relâcha la poignée aussi vite qu'il l'avait atteinte pour courir jusqu'aux toilettes, cherchant à se calmer avant de tenter quoique ce soit. Il n'eut pas le temps pour cela puisqu'il s'enferma dans les premières toilettes en vue, s'asseyant sur le sol, tombant nez à nez avec une nouvelle image, coupée en deux cette fois-ci. D'un côté, une photographie de Xavier datant de la seconde, de l'autre, un cliché de la royale Camille avec une jolie légende, "où est la vérité chez notre Lulu national?" Il arracha le cliché et le déchira en mille morceaux avant de jeter le tout au fond des toilettes, s'écroulant à nouveau. Alors, c'était cela sa vie désormais, des rumeurs constamment ravivées, un intérêt soudain pour sa petite personne parce qu'il était pris dans un triangle amoureux inexistant? Il n'en voulait pas, non. Il n'en voulait pas. Ludwig attendit toute la journée, là, assis par terre, les yeux dans le vide, l'angoisse l'habitant sans le quitter. Lorsqu'il n'entendit plus un bruit, il s'autorisa à sortir pour vérifier qu'il était dans un lycée désespérément vide. Il s'arrêta devant son casier, l'ouvrit pour balancer divers manuels à l'intérieur, s'arrêtant dans sa manœuvre pour attraper un bout de papier qui trônait là. Sa respiration s'arrêta une fois encore mais cette fois pour une toute autre raison, un large sourire habitant ses lèvres en lisant l'écriture raffinée de Xavier. Deux journées. Plus que deux journées pour retrouver son sourire, ses lèvres, son parfum. Deux journée à survivre dans cet enfer avant de retrouver un semblant de paix. Le lendemain ne fut pas mieux, la deuxième tentative se soldant par un échec cuisant alors qu'il débarquait dans les vestiaires du gymnase vingt minutes après le début du cours cette fois. Pas de photos à l'horizon mais quelques rires au détour du couloir alors qu'il entendait la voix de Simon percer derrière le mur gris. "Non mais arrêtez de me poser la question, je sais pas ce que fout mon meilleur pote. S'il était gay, il me l'aurait dit quand même, non? C'est du pipeau tout ça, cherchez pas... Parce que si c'était vrai, je serais le premier à lui refaire sa tête au carré, croyez moi..." La voix s'éloignait et Ludwig termina encore sa course au sol, la mâchoire et les poings serrés, persuadé que son meilleur ami n'hésiterait pas une seule seconde à l'abîmer pour sublimer sa petite réputation. Il avait la haine en ramassant ses affaires de sport et courir dans le hall, lançant le tout dans son casier, découvrant une nouvelle note qui décorait le bazar ambiant. Un jour. Plus qu'un. Tout sourire, le coeur battant... Et puis, la fuite, enfonçant le second mot dans sa poche avec celui de la veille, quittant le lycée pour de meilleures aventures. Il l'espérait.

Samedi. La libération. C'était ce qu'il avait attendu depuis trois jours, même s'il avait menti à tout le monde dans la manoeuvre. Alors qu'il traînait dans sa chambre à se triturer l'esprit pour se préparer psychologiquement à son rendez-vous avec Xavier, il dût faire face à sa mère qui lui posa plein de questions sur sa semaine au lycée. Même s'il répondit de manière tout à fait évasive, Ludwig sentait bien qu'il devait aller au fond des choses alors il ajouta des détails, de faux détails sur ce qu'il avait vécu ces deux derniers jours, le tout sembla lui satisfaire. Quinze heures à sa montre. Il quitta l'appartement pour descendre dans la boutique, sa mère vendant quelques pâtisseries à des clients intéressés. Elle le regarda avec des yeux écarquillés alors qu'il courut vers l'arrière boutique, montant quatre à quatre les marches du laboratoire de son père. Celui-ci avait dû le quitter une heure auparavant pour une sieste bien méritée après avoir commencé sa journée à trois heures du matin. Ludwig retroussa ses manches et se mit au travail, des heures durant, ses mains habiles mettant en oeuvre les quelques savoir-faire que son père avait adoré lui apprendre alors qu'il entrait à peine dans l'adolescence. Une année durant, il s'était amusé chaque week-end à devenir un apprenti boulanger-pâtissier et effectivement, il avait des mains autant en or que son père même si le jeune Carpentier était fermement décidé à ne pas les utiliser pour cela. Il était en train de terminer ces dernières viennoiseries après avoir mis de la farine un peu partout sur ses vêtements, certainement des traces des éclairs au chocolat et des fraisiers qu'il avait confectionnés juste avant quand il entendit des pas derrière lui. Il se retourna, surpris. "Bordel, vous m'avez fait peur! Tu dors pas, papa? ... Euh, pourquoi vous me regardez comme ça?" Ludwig essuya ses mains sur la serviette du comptoir alors qu'il fronçait les sourcils, confrontant ses deux parents qui le regardaient avec une certaine fierté, un fait suffisamment rare pour choquer leur aîné. "Pour rien, chéri... C'est juste que ça fait quatre ans qu'on t'a pas vu monter ici et voilà que tu prépares des dizaines de choses tout d'un coup. Qu'est-ce que tu nous caches?" Et voilà, il fallait qu'il vienne le tourmenter... Une heure avant son rendez-vous. Merde, il devait se dépêcher. "Non, je compte pas reprendre mon apprentissage si c'est ça que vous attendez, c'est juste que je suis attendu... Enfin, c'est... Camille m'attend, voilà." Il avait honte de mentir ainsi et il se sentit mal instantanément alors qu'il descendait les marches quatre à quatre, un panier rempli de ses préparations sous le bras. Alors qu'il changeait de vêtements, de retour dans sa chambre, il attrapa son téléphone prestement. "15 rue Jean Jaurès. J'ai laissé un sticker Yo Kai Watch sur la porte (me juge pas, c'est le seul truc que j'ai trouvé dans les affaires de ma soeur), ce sera ouvert.... J'ai hâte. A tout à l'heure." Il appuya sur envoyer au moment d'enfiler son sweat-shirt et sourit en voyant le nom de Xavier encore écrit en premier dans la liste de ses conversations. Il en ouvrit une autre cependant. "Je suis avec toi ce soir. Besoin d'un alibi de toute urgence!! Merci!" Deux secondes plus tard, le bip retentit. "OK... On a fait l'amour toute la nuit dans un endroit secret. Demain, rdv douze heures chez moi. Repas familial, besoin de toi. Donnant donnant." Ludwig souffla avant de répondre un simple OK, exaspéré par avance de se retrouver au milieu des Chollet un dimanche midi. C'était le deal avec Camille et il n'avait pas le choix s'il voulait sauvegarder son piètre équilibre familial. De toute manière, ce n'était pas sa priorité sur le moment puisqu'il courait à nouveau, coiffé à peu près, tombant encore une fois sur ses parents qui l'encouragèrent, fiers comme jamais d'envisager leur fils avec la belle-fille parfaite. Il n'eut pas le temps ni l'envie de les contredire alors qu'il attrapait son panier, son casque de scooter et quittait les lieux sans plus de cérémonie.

La ruelle était sombre, déjà mais Ludwig préférait cela, sortant les clés de sa poche, un sourire aux lèvres en collant son vieux sticker sur la porte. Personne n'y verrait rien et de toute manière, qui passerait par ici un samedi soir? Il faisait noir alors qu'il entrait à l'intérieur, le couloir étroit laissant entendre le moindre écho de ses pas. Soudainement, un grand espace alors que Ludwig appuya sur les interrupteurs pour allumer les lumières avant de venir déposer les affaires au centre de la scène. Oui, la scène. Il se posta là, devant les sièges vides du vieux théâtre que son oncle maintenait en état depuis une dizaine d'années. Il faisait le ménage, s'occupait des retouches nécessaires et parfois même, jouait le rôle du régisseur son. Durant son enfance, Ludwig avait passé des heures dans les coulisses à regarder les artistes se préparer, répéter et souvent, après le spectacle, quand tout redevenait calme, sa petite silhouette se retrouvait sur la scène, là où il était aujourd'hui et toute marque d'angoisse semblait disparaître instantanément. Comme à ce moment là alors qu'il prit une grande bouffée d'air, l'émotion palpable dans tout son corps mais surtout dans son regard. Ses yeux de méthylène brillaient d'une force nouvelle sur le parquet solide du théâtre, le seul endroit sur cette terre où il se sentait en paix. Enfin, avant de s'être retrouvé entre les bras de Xavier, son second havre de paix. Il finit par reprendre contenance, installant le grand rideau rouge par terre en guise de couverture et déposant les quelques rations de nourriture qu'il avait préparées avec les boissons qu'il avait attrapées dans le garde-manger de ses parents. Il était prêt, calme, serein. En entendant la porte claquer au loin. Un sourire naquit sur son visage parce qu'il était là. Il était arrivé. Trois jours après son dernier sourire à son égard. Deux jours après sa révélation de manque. Un jour après un énième éloge sur ce que représentait Ludwig à ses yeux. Lorsqu'il finit par le voir, la lumière du théâtre se portant vers son regard si doux et si intense à la fois, le coeur de Carpentier manqua un battement. Encore une fois. Cela devenait une sale habitude dès que le beau brun entrait dans son champ de vision mais il était si beau, si apprêté, comme s'il avait besoin de faire le moindre effort pour lui plaire. Non, pour le tuer. "Salut. Je vois que t'as trouvé mon superbe sticker..." Il lui sourit, les yeux brillants de tout l'amour qu'il pouvait lui porter, debout là, à côté de son vieux panier, se sentant ridicule face à lui. Xavier était si imposant de beauté, de tendresse et de talent. Qui était-il en comparaison? Le type qui s'était pris pour un apprenti boulanger-pâtissier tout un après midi pour avoir l'air d'être aussi romantique que son vis-à-vis. Il en était loin après avoir découvert ses notes dans son casier mais Ludwig n'arrivait pas à penser distinctement à ce moment là, pris dans la vision de ce grand brun qui s'approchait de lui. "J'ai eu tes mots. J'espère que la torture en valait la peine... Même si, clairement, j'ai foiré mon dress-code à côté de toi." Lui avait son sweat-shirt gris préféré, son jean noir et ses baskets habituels, les cheveux encore ébouriffés parce qu'il avait eu peur d'être en retard. Xavier était une autre vision, une beauté plus exaltée, un homme dans sa plus grande splendeur. Son homme d'une certaine façon. "T'es beau. Plus beau encore que dans mes souvenirs de la dernière seconde avant de fermer la porte de la réserve mercredi. C'est fou." Il restait pantois, là, au milieu de la scène, s'interdisant à regarder quoique ce soit d'autre que lui. Chanceux d'être là. Chanceux de l'aimer, son Xavier.
panic!attack
+ my eyes adore you

Xavier Hershey-Leslois
Xavier Hershey-Leslois

▬ look like : Maxence Danet-Fauvel
▬ talks : 142
▬ job : Squatteur de bibliothèque professionnel
▬ love life : Polarisée par des yeux méthylène
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pslb7bxD771ura1cxo4_250

Nous n'avons rien à faire, nous ne pouvons rien faire, nous ne devons rien faire que nous aimer, nous aimer le plus fort et le mieux que nous pourrons, jusqu'à la fin, dans notre monde à nous, écarté du reste, dans notre île, et nous appuyer l'un sur l'autre pour faire triompher notre amour par sa seule force, par sa seule énergie, en silence.

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig 84d6d017e4b02405ff418a13f2101b7ed088ebf0


▬ alias : Iracebeth
▬ copyright : Ira'beth

   



Xavier n'avait jamais été un très grand dormeur. Pourtant ce matin-là, en entendant son téléphone sonner, il se retrouvait à maudire l'impudent ou l'impudente qui osait venir le tirer de son sommeil. Un sentiment qui ne manqua pas de se prononcer encore quand il remarqua l'heure sur le réveil, bien trop matinale pour un samedi matin. Les derniers jours, pour ne pas dire la dernière semaine, avaient été avares en repos. Tout avait commencé le lundi matin quand son grand-père l'avait réveillé aux aurores pour une histoire de cuisinière en panne et les nuits suivantes qui auraient du lui permettre de récupérer avaient été particulièrement clairsemées. La raison s'il en était une prenait la forme d'un de ses élèves qui ne lui offrait pas des insomnies à cause de son travail scolaire (ce qui était déjà arrivé dans le passé avec d'autres) mais bien pour un motif autrement plus réjouissant. Aussi, depuis le lundi soir et ce qu'il aimait considérer comme le véritable commencement de la plus belle relation de son existence, il s'était remis à écrire. Non plus de manière aléatoire, à coup de textes instantanés ou de courtes histoires mais avec quelque chose qui avait du sens, une forme et qui, au bout du compte, il le sentait pourrait donner un objet dont il n'aurait pas trop à rougir. Pour l'heure, c'était encore à l'état de brouillon et il s'était refusé à se relire pour voir si ce n'était qu'un tant soit peu potable. Il savait qu'il devrait le faire à un moment donné mais pour l'instant, il préférait laisser libre cours à ses mots, à son imagination, à la fébrilité de ses doigts et à l'évocation de la source première de son inspiration. Deux nuits passées à graver des centaines de pages à l'encre noire avant de s'étaler quelques heures avant l'aube dans son lit pour voler quelques instants et rendre à son esprit un minimum de consistance. Et puis il l'avait revu. Une nouvelle fois. Ca avait plus exaltant encore, plus magnifique. Plus évident dans la certitude qu'il avait engrangé vis à vis de ses sentiments pour lui. Il n'avait pas compté le temps que cela avait duré mais ça avait eu le goût de l'éternité. D'une éternité belle et vibrante dont il se prenait à rêver sans s'arrêter. Mais il avait du le quitter à nouveau, le bleu à l'âme encore plus présent. Deux jours et demi. Presque trois. Définitivement trop. Entre deux feuilles de récit, il s'était surpris à lui écrire, directement. Quelques lignes à peine, juste pour lui dire. A quel point, il lui manquait, à quel point il comptait. Le brouillard qui l'avait saisi dés le mardi matin s'était poursuivi les jours suivants. Il avait été plus attentif cependant, plus méfiant aussi. Les regards et les murmures qu'il avait pu connaître sur son passage s'étaient intensifiés. Il n'avait plus connu d'attention aussi importante depuis le collège, depuis la cinquième et le scandale qui lui avait causé de perdre pied. Il s'était retenu de faire de même, deux jours durant. Il était passé au travers de ses camarades, de leurs sons de voix, de leurs éclats et de leurs tentatives de le faire vaciller. Il s'était promis sans le formuler de ne pas céder, de ne pas craquer une nouvelle fois parce qu'alors le tort causé ne serait pas que le sien. Il avait tenu. Il ignorait comment. Il n'avait croisé personne d'autre le mercredi et n'avait pas tenté de le faire. Il était rentré chez lui, sans un regard en arrière, perdu dans ses pensées, dans ses émotions nouvelles, dans ce manque qui, déjà, venait le gagner. Le lendemain avait été plus compliqué. Une ou deux fois, il avait du se retenir. Ses barrières lui avaient manqué mais pas autant que l'être qui les avait fait céder. Il avait tenu bon alors. Pour lui. C'était toujours pour lui. Ce serait toujours pour lui. Il avait entendu d'autres rumeurs pourtant, il avait appris qu'il se trouvait au centre d'un triangle amoureux dont il n'avait pas la moindre connaissance. Il savait qui était Camille, il lui avait été difficile de passer à côté. Elle n'avait jamais été son genre cependant, il l'avait toujours trouvé trop superficielle. Elle était de celles qui étaient venues l'aborder quand en seconde, il tentait encore de s'intégrer mais la conversation avait tourné court. Elle ne l'avait pas intéressé. Quel lien pouvait-elle avoir avec Ludwig, il n'en avait aucune idée. Perdu dans ses réflexions, sa concentration envolée vers d'autres sphères, il s'était posé la question plusieurs fois, cherchant dans son esprit des réponses qu'il peinait à trouver. Ca n'avait pourtant pas d'importance. Il se refusait à se méfier de Ludwig, de ce qu'ils avaient, de ce qu'il avait pu voir et entendre avec lui qui valait bien toutes les médisances. Il était cependant intrigué, curieux de savoir si elle était à l'origine ou elle aussi simple victime de la vie populaire du lycée. Le jeudi en fin de journée, il avait retrouvé Antoine, son terminale désespéré. La première personne après Juliette avec qui il se retrouvait à échanger depuis que la bombe avait été lâchée dans les couloirs. Antoine était un enthousiaste, un adolescent typique mais qui ne cherchait pas à tout prix à se faire aimer. Depuis deux ans qu'il le croisait, Xavier avait fini par l'apprécier. Il en savait plus pour lui que son vis à vis n'en saurait jamais mais il avait toujours été sincèrement sympathique avec lui, comme si son côté marginal ne lui posait absolument aucun problème. Cette fois-là pourtant, il avait noté que quelque chose avait changé. Il était plus prudent, moins volubile. Il lui jetait des regards en coin comme s'il ne rêvait que de lui poser une question. Sa concentration au cours de la séance n'avait pas été des meilleures, c'était certain. Alors à la fin, Xavier avait craqué, il lui avait demandé de dire ce qu'il avait à lui dire parce que visiblement, ça le titillait. Son élève avait aussitôt rougi comme un gamin pris en faute. C'est vrai que t'es gay ? La question avait fusé presque aussitôt avant qu'il ne se retrouve encore plus gêné qu'avant de l'avoir posé. Xavier avait souri, il avait même été tenté de rire. Il lui avait demandé pourquoi ça l'intriguait. Ce à quoi, en bafouillant, son camarade avait répondu que c'était juste comme ça, pour savoir, que c'était pas grave s'il était, que c'était bien. Xavier s'était contenté d'un sourire éloquent et Antoine en était resté là. En partant toutefois, il avait hésité. Il s'était arrêté une seconde, s'était retourné vers son tuteur avec un air presque désolé qui faisait écho à ce qu'il lui avait dit ensuite. Qu'il était désolé de ce qu'il lui arrivait, que c'était pas juste qu'on parle encore de lui, que c'était pas normal qu'on le laisse pas tranquille, que ça soit vrai ou pas. Xavier lui avait adressé un nouveau sourire et un simple merci qui avait eu l'air de lui suffire. Une fois seul, il n'avait pu s'empêcher de se demander comment Ludwig allait, comment il avait vécu cette journée, lui qui n'était pas habitué à être ainsi au centre de l'attention, lui qui était bien moins confortable avec la situation. Samedi n'arrivait décidément pas assez rapidement. Plus qu'un jour qui avait été tout aussi long. Il lui manquait d'une manière presque effrayante. Cette fois, il avait du se retenir de le chercher du regard dans les couloirs, incertain de la façon dont il réagirait s'il le voyait. Ça risquait de ne pas jouer en leur faveur en tout cas alors il avait pris son mal en patience. Il avait traversé la journée en pilote automatique, manquant désespérément de sommeil mais de lui plus encore. Il avait aperçu Camille entourée de ses copines qui lui avait adressé un regard appuyé dont il n'avait pas su quoi faire. Il avait recroisé Juliette qui n'avait, cette fois, pas osé l'aborder, se contentant de lui adresser un sourire encourageant. Il avait compté les heures jusqu'au weekend qui était finalement arrivé.
Il était samedi matin et à moitié endormi au fond de son lit, il maudissait son téléphone et la personne qui daignait l'appeler. Huit heures. Ça n'était pas si tôt mais après une semaine en dents de scie, c'était définitivement trop tôt. Il ravala ses soupirs toutefois en apercevant le numéro. Tant pis pour sa grasse matinée. Sa grasse matinée. On était samedi. Réalisant soudainement ce que ça signifiait, il répondit à son appel avec un sourire et un ton plus joyeux qu'il ne le faudrait. Plus que quelques heures. Quelques heures de manque encore et il le retrouverait. Le son de sa voix parût surprendre son interlocuteur qui n'était autre que sa mère.
"Allo ? Dis-moi, t'es bien joyeux dis donc, moi qui pensait que t'allais m'envoyer promener."
"Comme si je t'avais déjà envoyé promener."
"Pas faux mais quand même, je m'attendais pas à autant d'enthousiasme, ça me fait plaisir."
"Que puis-je faire pour toi, maman ?"
"Oh oui, pardon, je t'appelais pour savoir si tu pouvais venir d'ici une heure, j'ai personne pour garder les mômes et Tim est en déplacement tout le weekend."
"Attends, depuis quand, Tim fait des déplacements ?"
"Depuis ... tout récemment là, c'est exceptionnel, je t'assure. Je te demanderai pas en temps normal mais là, faut vraiment que je m'absente et je peux pas les prendre avec moi. Et ben, je t'apprends rien en te disant que les deux autres sont toujours inexistants."
"Ok, ok, j'arrive. Mais à dix-huit heures, faut que je sois rentré. C'est non négociable."
"Oui, oui, d'accord, pas de souci. Je serai rentrée d'ici là, t'inquiète pas. A tout de suite alors."
" A tout de suite"
Bien que toujours euphorique à l'idée d'avoir enfin atteint le dernier jour, il ne put s'empêcher de soupirer en raccrochant. Adieu sa journée de repos. La bonne nouvelle, c'était qu'au moins, il ne la passerait pas les yeux fixés sur sa montre ou son téléphone en attendant que la soirée arrive enfin. Sans plus attendre, il s'était levé, il s'était préparé, avait salué rapidement son grand-père qui buvait son café, la tête perdue dans son journal et était parti rejoindre l'appartement de sa mère. Il y avait deux ans qu'il avait cessé d'y habiter mais une partie de lui s'y sentait encore chez lui. Les trois mini-monstres vinrent l'accueillir sur le pas de la porte aussitôt qu'il l'eut ouverte. Ils lui avaient manqué. Sa mère fila peu après en le remerciant et il passa avec ses trois cadets le reste de sa journée. Comme prévu, il fut bien assez occupé pour ne pas trop laisser son esprit se perdre et s'impatienter. A mesure que l'heure approchait pourtant, il se sentait de plus en plus pressé, fébrile. Sa mère arriva en même temps que le message de Ludwig qu'il avait attendu toute la journée.
Cette fois encore, elle interpréta mal son enthousiasme mais il n'en fit même pas cas. Il connaissait l'adresse et il était surpris. Dans un flou euphorique, il dit au revoir à tout le monde puis parti sans plus attendre. Aussitôt rentré, il monta se changer, reprendre une douche en espérant avoir l'air moins fatigué, ça aurait pu être pire cependant. Les quelques heures qu'il avait pu engranger n'avaient pas fait de mal finalement, aussi peu nombreuses qu'elles aient pu être. Il s'habilla avec soin, de manière plus apprêtée qu'à l'ordinaire, les couleurs rendant particulièrement bien. L'heure finit par venir. Il descendit à nouveau dans la cuisine, s'excusa auprès de son grand-père de ne pas pouvoir rester puis reprit sa voiture en direction de son lieu de rendez-vous.

La nuit était déjà presque là mais pas encore assez sombre pour l'empêcher de remarquer le fameux autocollant sur la porte. Cette vision le fit sourire et il franchit la porte sans plus attendre. Le couloir étroit, dans la pénombre ne manqua pas de l'intriguer. Sans se départir de son sourire, il l'observa avec curiosité, empressé d'arriver au bout. La lumière le frappa soudainement en même temps que la vue du décor et de la scène mais pas autant que la vision qu'il avait face à lui. L'expression sur ses lèvres s'agrandit encore alors que ses prunelles revenaient s'enivrer de sa présence. Ses mots n'avaient que des euphémismes. Il lui avait tellement manqué. Il en ressentait toute l'intensité alors qu'il le retrouvait enfin, à nouveau. Comme si l'on ne pouvait se faire une idée du manque qu'une fois qu'il eut été comblé. L'idée lui paraissait bien juste. Il était tellement magnifique. Son ton débordait d'affection alors que ses iris se refusaient à se détourner de lui.
"Salut."
Il continua de s'approcher, sans le lâcher une seconde, se retenant d'avancer trop vite. Il était amoureux, amusé, bien. Entier.
"Je crois que cela valait bien toutes les tortures".
Il était heureux de savoir qu'il avait vu ses mots, ses notes désespérées qui n'en disaient qu'un dixième mais qu'il n'avait pas pu s'empêcher de les lui déposer. Comme pour lui dire que même sans le voir, même en son absence, il ne le quittait jamais. Jamais.
"Et t'en fais pas pour le dress-code. Je voulais juste faire un petit effort pour l'occasion. J'en déduis que je me suis pas trop foiré. Toi, t'as rien besoin de plus, t'es toujours indécemment beau."
Il accueillit ses compliments avec un sourire plus grand encore, continuant d'avancer vers lui. Il finit par franchir la distance qui les séparait et toujours noyé dans ses yeux, il prit son visage entre ses doigts. Il embrassa ses lèvres, d'abord doucement, lentement, avec soin et dévotion puis il faillit à se contenir davantage et le baiser se fit plus passionné, plus signifiant du manque qu'il avait engendré. L'étincelle était revenue le saisir aussitôt en même temps que l'envie. Les émotions qui passèrent au travers de ses veines se firent d'une folle intensité alors qu'il goûtait à nouveau au parfum de ses lippes. Ses phalanges se perdaient sur ses pommettes que ses mains continuaient de dessiner. C'était un bonjour, c'était un enfin, c'était un tu m'as manqué à en crever, c'était un tu es tellement tout que j'en ai oublié ce que c'était d'exister avant toi. Il se détacha finalement, plus doucement encore, un sourire fervent sur le visage et un regard plus amoureux que jamais. Il posa son front contre le sien, le souffle encore court.
"Ce qui est fou, c'est que t'aies pu me manquer autant."
Il s'éloigna encore un peu pour saisir son regard, ses grands yeux bleus qui l'inspiraient tant. Il le regarda un instant de plus avant de parvenir à enfin se détacher pour prendre conscience du décor autour d'eux, du lieu, des circonstances. Sans lâcher ses traits, il promena ses prunelles sur la scène.
"C'est magnifique. Je m'attendais pas à ça mais j'adore."
Mais pas autant que toi. Il avait ramené son attention vers lui, l'observant de tout son soûl. Il était surpris mais surtout excité. La soirée promettait d'être belle, tellement belle. Ils auraient pu la passer n'importe où qu'elle l'aurait été. Parce qu'il la vivait avec lui, parce qu'il l'avait enfin retrouvé, parce qu'il était enfin lui, parce qu'il était là. Juste là. A sa place.
¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
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"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

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Xavier & Ludwig



Ses souvenirs d'enfance étaient multiples dans cet endroit, certainement parce que les Carpentier étaient restés soudés pendant un certain nombre d'années... Avant l'effondrement de cet étrange dynastie. Aujourd'hui, son oncle ne parlait plus à son père, sans que Ludwig n'en connaisse réellement la raison. Cela faisait désormais quatre années que le silence était de mise entre les deux hommes mais Ludwig s'autorisait toutefois à rendre visite à son oncle, désormais veuf. A vrai dire, le jeune homme ne s'était pas senti prêt à abandonner le théâtre, le seul refuge qu'il avait pu avoir depuis sa plus tendre enfance. Alors, certains dimanches, il allait jusqu'à l'appartement de son oncle pour lui emprunter les clés sans avoir besoin de lui donner mille raisons à cela. Pourtant, il aurait pu se dire qu'un adolescent comme son neveu allait certainement donner une fête gigantesque sur son lieu de travail et le faire licencier... Mais non, son oncle avait entière confiance en Ludwig. Il était bien le seul puisque ses parents lui demandaient toujours son emploi du temps détaillé avec les lieux qu'il avait visités, les gens avec qui il était et l'heure à laquelle il comptait rentrer. Pourtant, il était majeur depuis quelques semaines et l'émancipation serait proche s'il continuait de la sorte mais il n'y avait rien à faire, ses parents se refusaient à le considérer comme un adulte à part entière, apte à faire ses propres choix et surtout ses propres erreurs. Dans leur tête sûrement, il était encore cette petite tête blonde avec de grands yeux bleus, curieux de tout et surtout peu bavard. Ludwig avait longtemps été renfermé, perdu dans son monde à jouer avec des vieilles marionnettes dans son coin sans chercher à s'intégrer dans des groupes d'enfants de son âge. Alors qu'il était encore à l'école primaire, il n'était pas rare que les Carpentier se réunissent dans ce théâtre pour organiser des jeux de spectacle vivants pour l'anniversaire d'un cousin quelconque. C'était quelque chose qui avait toujours fait partie de la famille: le jeu, le mensonge aussi, le faux-semblant. Ludwig n'échappait plus à la règle désormais, lui qui s'était toujours dit qu'il resterait droit et honnête. Il avait menti. Il se rendait désormais compte à quel point c'était simple d'entrer dans ce petit jeu où la vérité était bien plus destructrice qu'un secret. Voilà qu'il était devenu le comédien ultime, celui qui ne quittait plus son personnage même en dehors de la scène, toujours prêt à revêtir le masque dès que la situation le requérait. S'il le fallait, alors il serait le même Ludwig bavard, drôle et souriant, celui qui ramenait toujours l'alcool dans les soirées pour dépanner les copains, celui qui allait demander les numéros des filles pour ces idiots d'amis qui riaient bien de le voir tenter ce genre d'entreprises sans rien attendre en retour. Il serait le plus hétérosexuel de la bande si c'était ce qu'il devait être pour survivre décemment au sein de sa famille. Jouer le rôle jusqu'au bout. Embrasser ce personnage qui n'avait pas l'air de lui correspondre outre mesure. Le pire dans tout cela, c'était certainement ce qui adviendrait de sa pseudo-relation avec Camille. Le jeune Carpentier se refusait à y penser jusqu'ici mais le fait qu'il devienne son petit ami de substitution avait clairement des conséquences terribles sur son avenir. Ludwig n'y avait pas réfléchi: il ne pensait qu'au fait qu'il serait protégé quelques temps des rumeurs qu'on faisait circuler sur lui... Des rumeurs qui n'en étaient clairement pas vu tout ce qui pouvait se passer entre Xavier et lui. Ludwig pouvait mentir au monde entier mais à Xavier, c'était une étape supplémentaire, une étape dont il n'était pas capable à l'heure actuelle. Il n'avait pas envie de lui dire qu'il lui offrirait monts et merveilles sans avoir peur ou sans vaciller parce que cela n'arriverait pas, pas quand on était quelqu'un comme lui. Il ne pouvait pas non plus lui dire que leur amour serait simple et logique puisque rien de tout cela n'avait l'air d'entrer dans une case quelconque... Pas dans une de celles qu'il avait pu connaître jusque là en tout cas. Tout était trop fort, tout était trop grand, tout était trop bau en somme. Ludwig ne savait pas comment gérer cela. Tout ce qu'il maîtrisait résidait dans ce qu'il avait toujours été: un petit blond aux grands yeux bleus perdu au milieu d'une scène, prêt à tout donner pour son public sans rien demander en retour. Un petit blond prêt à tout pour rester caché derrière une façade normée, une qui correspondait aux voeux du reste de la famille. Sa peur du jugement le rendait bon comédien, c'était une évidence mais ce refuge là l'avait tant aidé par le passé. L'enfant qu'il avait été avait inventé des centaines de scénarios dès lors qu'il était en haut de l'estrade, martyrisant le plancher de ses pieds enjoués et ses histoires, bien qu'éphémères semblaient inoubliables pour le jeune homme qu'il était devenu. Encore rêveur bien que fataliste, Ludwig rêvait de plus grand, de plus beau, de plus fort justement. C'était ce qui avait fini par lui arriver, sans qu'il ne puisse le contrôler, sans même qu'il n'ait pu y penser. Xavier. Voilà ce qu'on lui avait offert, lui le petit acteur blond sans prétention, incapable de retirer son masque et toujours perdu dans son angoisse latente. On l'avait autorisé à rêver à nouveau. On lui avait fait miroiter qu'enfin, une personne était en mesure de le comprendre et de l'aimer, quoiqu'il puisse être, avec ou sans masque. Xavier était l'image même de son salut, celui qui était venu le dérober des mains du désespoir dans lequel il était plongé depuis que la famille Carpentier avait sombré dans une terrible déroute. Il n'y avait plus de dimanches au théâtre, plus de rires dans les coulisses, plus aucune complicité entre ces murs. Restait les souvenirs. Ces doux souvenirs qui berçaient Ludwig d'une tendresse longtemps oubliée. Il avait été heureux pourtant, avant qu'Edda ne naisse, alors qu'il n'était que cet angelot blond autorisé à sauter partout derrière le rideau rouge, observant les gradins comme s'il était le maître du monde. Ses parents ne posaient aucun fardeau sur ses épaules à cette époque et il vivait le plus sereinement du monde. A aucun moment on aurait pu penser que l'angoisse finirait par le vaincre en vue de l'enfance qu'il avait vécu. Ces derniers jours en avaient été l'apogée pourtant, laissant un Ludwig solitaire, incapable de se rendre en cours sans sombrer dans la pire des folies. Il en était là, à s'accrocher à un espoir fou, à cette envie plus folle encore de vivre à travers les pupilles de Xavier. Il était là, enfin de retour dans cette existence et le jeune homme n'avait plus l'air de porter aucun intérêt au décor, à ces trois derniers jours qui li avaient tant coûté... Non, il n'y avait plus rien d'autre.

Rester coi, là, juste un instant à l'observer alors qu'une dizaine de pensées se bousculaient dans sa tête. Ludwig espérait qu'il ne décevait pas, que la nourriture qu'il avait cuisiné plairait à Xavier, que celui-ci ne le trouverait pas totalement ringard d'organiser un rendez-vous dans un vieux théâtre comme celui de son oncle. Il avait le cerveau embrumé mais soudain, plus rien ne sembla passer à l'intérieur de ses neurones. Tout devint vide parce que la silhouette de Xavier se matérialisa sous ses yeux et son souffle se coupa. A nouveau. C'était devenu habituel depuis le début de la semaine puisque le littéraire représentait tout ce qu'il y avait de plus magnifique dans ce monde, du moins à ses yeux. Il fallait dire qu'il était plus apprêté que d'habitude alors qu'il n'avait clairement aucun besoin de faire un effort particulier pour entrer dans la catégorie des hommes les plus beaux de cette planète. A ce moment là, Carpentier ne put se sentir que petit, ce qu'il était dans le fond comparé à Xavier, parce que lui n'avait pas pensé au code vestimentaire d'un rendez-vous, bien trop occupé à salir le laboratoire de son père pour un après-midi entier. Était-ce qui importait au bout du compte? Luwig aimait penser que Xavier ne s'arrêterait pas à cela et le lycéen ne put s'empêcher de sourire en l'entendant répondre à ses salutations, sentant qu'il n'avait pas été le seul des deux à se torturer l'esprit avant ce samedi. "Ravi de constater à quel point tu es masochiste, alors." Il lui lança son sourire en coin légendaire, amusé de la situation. Rien n'était logique pourtant, qu'eux deux se retrouvent dans ce lieu alors que la semaine précédente, ils ne partageaient rien d'autre qu'un lien littéraire obligatoire. Cette période semblait si loin désormais, Ludwig ayant clairement oublié qu'il était le lycéen en difficulté. A l'heure actuelle, il se sentait tout à fait autrement, chanceux d'être maître de son destin pour la première fois depuis presque sept jours. Ce rendez-vous, il l'avait choisi, non plus que cela, il l'avait désiré comme un fou. Même s'il avait souffert de tout ce qui avait pu être prononcé autour de lui ces derniers jours, il ne regrettait pas le moins du monde la situation qu'il avait créé. Là, au milieu d'une scène vide, un panier rempli de pâtisseries à ses pieds sur le vieux rideau rouge que son oncle n'avait pas encore remis en place depuis le dernier spectacle. Ses yeux océan posés dans ceux plus fins de son conjoint, aussi beau qu'au premier jour, plus désirable encore si c'était possible. Allait-il y survivre ou allait-il succomber? Ludwig n'avait qu'un seul moyen de le savoir mais il demeurait immobile, son coeur ratant un battement dans sa poitrine en entendant le discours de Xavier à son encontre. "Comme si t'étais capable de foirer quelque chose déjà... Et puis, on avait pas dit que fallait calmer sur les compliments pour mon bien être psychologique? Tu resteras toujours la part irrésistible de nous deux." Il savait bel et bien ce qu'il disait au moment où Xavier s'approchait en douceur de lui, ses narines réussissant finalement à humer son si unique parfum, un frisson atteignant sa chair instantanément. Il ne pouvait rien y faire du tout, dès que ses iris croisaient les siens ou bien son corps frôlait le sien, Ludwig ne répondait plus de lui même. C'était d'ailleurs le fond du problème à l'instant où il sentit les doigts de Xavier se poser sur son visage et ses lèvres venir bercer les siennes, d'abord le plus tendrement du monde puis fougueusement ensuite. Forcément, Ludwig n'était qu'un homme et il ne se berça pas d'illusions sur son incapacité à résister à l'assaut de ses lippes. Il répondit à son baiser avec autant de ferveur, ses bras venant entourer son corps pour le porter contre le sien. Heureusement qu'ils avaient besoin d'air sinon le rendez-vous aurait tourné court assez rapidement. Sa respiration encore irrégulière, Ludwig réussit toutefois à se détacher de son Apollon, un sourire enivrant aux lèvres, le flot de ses pensées plus qu'inexistant depuis qu'il avait goûté à nouveau à la beauté de son partenaire. "Ah ouais? Moi, je trouve ça tout à fait digne d'une personne saine d'esprit... Ou alors, je suis fou aussi au choix." Il lui sourit en se mordillant la lèvre, se détachant plus nettement de Xavier, se rappelant qu'il l'avait amené dans son théâtre effectivement. Celui-ci semblait découvrir le décor au même moment, l'angoisse de Ludwig grimpant en ne sachant pas ce que son partenaire allait bien pouvoir en penser. "Ah ouais? A quoi tu t'attendais, dis moi? Que je calcule à quel point je suis surprenant." Il l'invita à s'asseoir à ses côtés, au beau milieu du beau rideau rouge, déballant son panier pour lui montrer tout un tas de viennoiseries et pâtisseries. "J'espère que t'as faim parce que j'ai vu grand, je crois..." Ludwig posa ses deux mains sur le sol pour se tenir ainsi, jambes croisées en regardant Xavier, heureux de vivre un moment aussi simple avec cet homme qui lui plaisait tant. Il s'autorisa même à fermer les yeux avant de parler à nouveau. "Si je t'ai montré ce théâtre, c'est parce que c'est... Le seul endroit où je me sens jamais coincé, jamais mal comme l'autre fois. J'viens ici depuis que je suis tout petit comme c'est mon oncle qui le gère et cette scène, c'est... L'histoire de ma vie. Comme toi avec la bibliothèque, sûrement. C'est sûr, c'est pas un resto, un rendez-vous en public en général mais c'est tout ce que je peux t'offrir pour le moment. Ce petit bout de moi, cet intime bout de moi pour être honnête." Il le regardait avec intensité, ses yeux bleus se mêlant à la lumière vive des projecteurs avant de s'autoriser à venir attraper une des viennoiseries lui aussi, ne sachant pas s'il avait bien fait son travail au bout du compte. Tout cela était bien trop nouveau pour que Ludwig sache par quoi commencer... Comment faisait-on quand on aimait quelqu'un de la manière dont il adorait Xavier? A part le regarder ainsi, avec ses yeux d'ange, sa voix émue s'éteignant dans une bouchée d'éclair au chocolat, Ludwig ne savait pas ce qui était de rigueur. En soi, ce n'était pas le plus important. Non, c'était plutôt la manière dont son regard revint vers la silhouette à ses côtés et là, il s'y voyait. Sur la scène. Avec lui à ses côtés. Son partenaire de jeu. Son partenaire de vie. Et il souriait, ses yeux s'illuminant du fantasme le plus fou qu'il était en train de créer. Le paradoxe était là, vivant, parce qu'il n'était plus acteur sur cette scène... Pour la première fois de sa vie, il était lui même, s'autorisant à tout dire, à tout faire. A aimer jusqu'à l'éternel, enfin.
panic!attack
+ my eyes adore you

Xavier Hershey-Leslois
Xavier Hershey-Leslois

▬ look like : Maxence Danet-Fauvel
▬ talks : 142
▬ job : Squatteur de bibliothèque professionnel
▬ love life : Polarisée par des yeux méthylène
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pslb7bxD771ura1cxo4_250

Nous n'avons rien à faire, nous ne pouvons rien faire, nous ne devons rien faire que nous aimer, nous aimer le plus fort et le mieux que nous pourrons, jusqu'à la fin, dans notre monde à nous, écarté du reste, dans notre île, et nous appuyer l'un sur l'autre pour faire triompher notre amour par sa seule force, par sa seule énergie, en silence.

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig 84d6d017e4b02405ff418a13f2101b7ed088ebf0


▬ alias : Iracebeth
▬ copyright : Ira'beth

   



Xavier avait toujours admiré les comédiens. Leur capacité à porter un masque imaginaire, à se glisser pleinement et simplement dans la peau d'un personnage de fiction, parfois si éloigné de leur réalité. Leur aptitude à endosser un rôle pour quelques minutes, quelques heures avant de reprendre pied dans leur propre existence, dans leur réalité comme si de rien n'était. Enfant, fasciné par la fiction qu'il était déjà, il s'était découvert une fascination à leur sujet. Les premiers films qu'il avait pu voir lui avaient paru tellement réels, tellement vrais qu'il avait été persuadé que les personnages qu'il y trouvait n'avaient rien de fictif. Il avait fallu qu'il soit l'acteur dans son premier spectacle scolaire pour comprendre que l'on pouvait incarner autre chose, quelqu'un d'autre même d'un clignement de paupières. Il avait toujours préféré observer, regarder ses camarades ou l'instructeur de théâtre jouer plutôt que d’interpréter lui-même. De manière générale, il n'avait pas eu à rougir de ses quelques performances. Il leur avait même trouvé un côté libérateur, presque similaire au sentiment qu'il pouvait éprouver en se plongeant dans une oeuvre mais il n'avait jamais été tenté de poursuivre dans ce domaine. Il jouait volontiers quand le cadre scolaire le lui permettait mais du reste, il se trouvait plus confortable comme spectateur. Parmi les nombreuses histoires qu'elle avait pu connaître depuis son divorce, sa mère avait notamment fréquenté un comédien. Un acteur sans renommé, habitué des seconds rôles mais entièrement dévoué à son art. Le temps que leur histoire avait duré, Xavier avait pu être le témoin de son travail, de ses répétitions assidues. Ça avait été l'époque des coulisses du théâtre, des représentations régulières dans le public et dans l'arrière-scène. Il avait trouvé le tout particulièrement intriguant, vivifiant. Et puis la relation avait pris fin comme bien souvent et il n'avait plus vraiment eu l'occasion de retourner au théâtre. Ça lui avait manqué au départ. Voir les scènes jouées en direct, sans filet, avec toujours la même ferveur avait quelque chose de presque enivrant. Il s'était rendu à l'opéra quelques années plus tard avec son père mais ça n'avait pas été la même chose. L'exercice était tout aussi réussi mais moins naturel. La fiction apparaissait tout de suite, grandiloquente. Alors que tout ce qu'il avait pu voir jusque là se rapprochait davantage du monde réel, de ce qu'il vivait, de ce qu'il voyait tous les jours. En grandissant, il avait bien fini par noter que les comédiens ne se trouvaient pas toujours sur scène ou sur un écran. Parfois, ils pouvaient évoluer dans un autre théâtre, dans un autre monde. Ils pouvaient se trouver face à lui, offrant la performance de leur vie comme si cette dernière en dépendait. Ils pouvaient être prisonniers de leurs propres mensonges au point de jouer un rôle dans la plus immense des réalités. Il avait pu observer les jeux de séduction, aussi bien à son encontre que dans son entourage. Ses tentatives désespérées de se faire aimer pour autre chose que pour soi-même. Parfois, c'était subtil, tout juste instantané. Parfois, ça se prolongeait et ça prenait des airs de grandes tragédies. Il avait vu Lara prétendre adorer tous ses camarades alors qu'elle en méprisait bien souvent la moitié. Il avait vu sa mère simuler des crises de larmes désemparée dans l'espoir fou de retenir un homme qui avait fini par se lasser. Et puis bien sûr, il avait pu contempler les méandres du milieu scolaire. Le collège d'abord et plus encore, le lycée. Ce véritable théâtre humain grouillant de passions, de drames, de rumeurs de Cour et d'histoires doucereuses. Les couples qui se faisaient et se de-faisaient en l'espace d'une soirée, les réputations anéanties par quelques mots lâchés, les jalousies, les influences populaires. Là encore, il avait tôt choisi de n'en être que spectateur. Il n'éprouvait aucune envie à se mêler à cette grande comédie adolescente. Parfois, il s'y retrouvait bien malgré lui puis un autre personnage prenait sa place. Les intrigues allaient vite ou elles risquaient de lasser. Ses camarades au fond ressemblaient tous à des comédiens en devenir. Des passablement mauvais dans leur ensemble tant leurs tentatives se soldaient souvent par un effet de transparence. Ils jouaient tous leur rôle pourtant, de gré ou à contre-cœur. Comme lui, encore maintenant. Lui qui préférait raser les murs, rester dans les coulisses, se retrouvait désormais sur le devant de la scène. Il ne connaissait même pas tous les personnages qui l'accompagnaient. Il ignorait qui était à l'origine de ce nouveau drame fascinant qui paraissait passionner l'établissement depuis plusieurs jours. Mais il était en pleine lumière, à nouveau, perdu dans un triangle étrange et sans discernement, égaré dans le flou des intrigues et de ses propres sentiments. Il avait beau parfois prétendre que rien ne l'atteignait, afficher un sourire de circonstance, un intérêt poli ou une indifférence calculée, il ne jouait pas, jamais vraiment. Il se protégeait mais il préférait être sincère. Dans la relation qui se trouvait au centre de l'attention, il l'était plus que jamais. Il était plus limpide, plus franc. Il était lui, tout entier. Avec sa volubilité quelque peu démesurée par l'émotion, avec ses sourires éclatants, son cœur au bord des lèvres et ses barrières réduites en poussière. Comment aurait-il pu en être autrement ? Depuis qu'il connaissait Ludwig, il savait que, de toute manière, il aurait été incapable de lui mentir, de se perdre dans des faux-semblants qui pouvaient paraître rassurants. Il aurait pu se retenir, garder pour lui le fond de sa pensée mais il n'aurait pas simuler l'indifférence. Il aurait pu se protéger pour ne pas le perdre et peut-être finirait-il par le faire mais se trahir ou se renier, il aurait été incapable. Il en était incapable. Il était à nu, sans masque, sans déguisement. Et pour une raison aussi irréelle que merveilleuse, ça semblait lui avoir convenu. Ça paraissait même lui plaire. Il partageait, sans qu'il ne puisse se l'expliquer, les sentiments qu'il éprouvait à son égard. L'idée le rendait incroyablement heureux et rien, pas même les rebondissements que l'on voulait mettre sur son chemin, ne pourrait changer ça. Il était indécemment heureux, indécemment amoureux, indécemment lui-même. Celui qui, depuis près d'une semaine, cumulait les nuits fractionnées perdues dans des pages noyées d'encre et d'émotions pures. Celui qui pouvait se retrouver à sourire sans rien dire juste au souvenir des lèvres du jeune Carpentier sur les siennes. A la pensée de ses sourires, de ses yeux sur lesquels il ne cessait de disserter, de la mélodie merveilleuse de son rire dont il se trouvait parfois par un excès de chance être l'auteur. Celui qui laissait alors libre cours à son côté indéniablement romantique en lui laissant des notes de quelques lignes, juste pour lui signifier à quel point il pouvait lui manquer. Celui qui avait compté les jours, les heures avant de pouvoir le revoir enfin et goûter au parfum de sa présence. Celui qui avait passé cette dernière journée d'impatience, égaré au milieu d'un trio d'enfants en bas-âge, jouant comme un gamin sans cesser de penser à l'instant d'après. Instant qui s'était finalement décidé à arriver et vers lequel il avait du se retenir de courir. Il était parvenu à destination toutefois, inapte à détacher son sourire de ses lèvres et son regard de la silhouette de l'homme dont il était tombé amoureux.
Trois jours. Soixante et onze heures et vingt-sept minutes. C'était définitivement trop. Mais ça ne l'avait en rien altéré. Si jamais, ça paraissait l'avoir rendu plus magnifique encore. Comme si les souvenirs qu'il en avait désespérément conservé ne lui rendaient pas entièrement justice. Aucune réminiscence ne le pourrait sans doute jamais. Ca n'était pas bien grave. Il était là, maintenant. Face à lui, enfin. Et le manque qu'il avait ressenti avec une violence renouvelée semblait soudainement avoir cessé. Enfin, pas tout à fait. Il s'approchait de lui lentement mais ça n'était pas encore suffisant. La distance était palpable, insupportable. Il était trop magnifique pour être réel, pour être seulement tangible. Il n'aurait pu imaginer le son de sa voix cependant, pas même ce fameux sourire en coin qui le faisait chavirer. Oui, il avait bien valu toutes les tortures. Quelque chose lui disait qu'il les vaudrait toujours et que l'avenir ne manquerait sans doute pas de l'en offrir d'autres. Peu importe. Tant qu'il le retrouvait. Tant qu'il était là encore, tant qu'il pouvait toujours lui parler, le voir sourire et l'adorer. Ludwig n'avait pas tort finalement. Peut-être bien que pour lui, il se découvrait masochiste.
"J'ai l'impression que pour toi, je le serais peut-être toujours".
En la prononçant, cette vérité lui parût d'autant plus manifeste. Comment aurait-il pu en être autrement ? Alors qu'il était lui, alors qu'il était là. Alors qu'il le retrouvait enfin, plus beau que jamais. Il accueillit sa remarque suivante avec un sourire encore plus grand. Irrésistible, vraiment ? Il n'était pas certain d'être d'accord avec lui à ce sujet. Pour ce qui était de se foirer, sur ça  également, il n'était pas sûr de pouvoir lui accorder l'idée. La situation était tellement précaire, magnifique, troublante, enivrante mais si instable. Il avait beau être certain de ses sentiments, convaincu de son cœur et de l'appartenance de ce dernier à son partenaire, il savait que les circonstances n'étaient pas idéales. Les derniers jours lui en avait donné la preuve alors qu'il avait du résister à l'envie de le retrouver pour ne pas lui porter tort. Et certes, il lui avait déjà signifié qu'il serait prêt à s'effacer complètement s'il le fallait, à retourner totalement dans l'ombre, loin de lui et de son existence, il savait pertinemment que ce serait insupportable. Sur ce point aussi, les derniers jours s'étaient avérés probants. Parviendrait-il seulement à vivre sans lui ? L'idée avait quelque chose d'insoutenable. Mais ils n'en étaient pas là. Ils en étaient même loin au vu du cadre dans lequel ils se trouvaient. Alors réduisant encore un peu plus cette satanée distance, il se perdit enfin dans ses yeux plus beaux que toutes les mers et lui adressa un dernier murmure.
"Je suis pas sûr d'être d'accord avec toi sur le dernier point. T'es définitivement le plus irrésistible."
Il ne fallut pas longtemps à ses gestes pour prouver le sens de ses mots. Après avoir cueilli ses traits divins dans ses doigts, il vint saisir ses lèvres, goûter ses lippes sublimes et sentit son palpitant reprendre vie. Comme s'il avait été en attente, en suspension, en sommeil dans sa cage thoracique, désespéré de le retrouver. Alors ce qui avait d'abord était doux, presque léger, frissonnant d'anticipation se fit plus passionné, plus vivant, plus intense. Il en perdit le souffle mais ça n'avait aucune importance. Il l'avait à nouveau contre lui, avec lui et l'éternité était redevenue le synonyme du paradis. Il sentit ses bras venir autour de lui et se rapprocha encore davantage. Il aurait voulu ne jamais le lâcher, ne jamais le quitter, juste rester là à baiser ses lèvres magnifiques, à se perdre sur la splendeur de ses traits, à se noyer dans le puits sans fond de ses prunelles méthylènes et ne jamais se réveiller, jamais. Ils durent se séparer pourtant et le souffle court, il ne put que prendre conscience de la réalité de la folie dans laquelle il se trouvait. Il eut un léger rire en l'entendant parler à nouveau alors qu'il reprenait possession de ses moyens et de la vision de ses iris.
"Peut-être qu'on est fou ensemble alors. Moi, ça me va."
Il dût se détacher encore davantage sans pour autant parvenir à s'éloigner pour retrouver la conscience des lieux et de l'instant. Il se rendit compte qu'il n'avait pas pensé plus que ça à l'endroit dans lequel ils auraient ce premier rendez-vous mais même sans cela, il était surpris. Étonné que quelqu'un qui paraissait n'avoir aucun intérêt pour la littérature puisse l'avoir conduit dans le lieu où elle pouvait être représentée. Il laissa son regard se promener autour de lui, sur la scène, sur les alentours. Il n'était jamais venu ici auparavant mais c'était beau. Il ramena finalement son attention vers lui, vers ce garçon décidément bien surprenant.
"Je sais pas trop. J'y avais pas trop réfléchi. Peut-être un truc en extérieur. Je sais pas. Pas un théâtre en tout cas. Mais ça me plaît."
Il le laissa s'éloigner davantage puis le suivit, s'asseyant à côté de lui sur la scène, remarquant cette fois la quantité qu'il avait ramené. Aurait-il du ramener quelque chose ? Il n'avait pas su quoi apporter. Il semblait en tout cas qu'ils en auraient bien assez. Et il lui avait dit que ça serait une surprise. Il n'empêche.
"Ah ouais, t'as pas fait semblant. T'aurais pas du ou j'aurais du t'en apporter la moitié. J'ai apporté que moi, en fait, j'ai pas géré."
Il se sentit soudainement un peu gêné. A quoi avait-il pensé ? A rien justement. Ou du moins, juste à lui. A son absence. A cette folle impatience. A ce besoin viscéral de le retrouver. Il se promit de se rattraper. La prochaine fois. Parce qu'ils avaient beau tout juste commencer, il savait qu'il y en aurait une autre. C'était obligé.
Il reporta alors son attention vers lui, vers sa silhouette si proche et pourtant si loin. Il l'écouta sans rien dire, l'observant juste d'un regard pur et fulgurant. Il laissa passer un temps, un infime silence. Il saisissait la portée de ses paroles, ce que ça signifiait. Il était un privilégié. Un incroyable chanceux qu'il laissait entrer dans son existence. L'idée qu'il aurait pu ne jamais y appartenir le heurtait mais il n'avait pas à y penser. Non, il était là désormais, avec lui. Dans son lieu. Il croisa une nouvelle fois son regard et se perdit dans leur intensité, le souffle coupé. Était-il seulement possible d'être aussi magnifique ? Il lui sourit alors, désespérément amoureux.
"Merci de m'accueillir alors."
Il se rapprocha encore un peu, sans pour autant le toucher.
"Et Ludwig, j'ai pas besoin de plus. Que tu m'offres la chance de te connaître, c'est tout ce que je peux demander. Ça me suffit. Juste toi, ça me va. Ça m'ira toujours."
Résistant à l'envie fébrile de l'embrasser à nouveau, il finit par suivre son exemple et commença à saisir l'un des fraisiers qu'il avait ramené pour y goûter à son tour. Il les avait toujours aimé, il les avait adoré même mais il n'y avait pas touché depuis des années. Avoir un petit frère allergique aux fraises avait suffi à les bannir de la maison et lui-même n'était pas spécialement doué pour la pâtisserie et n'avait pas osé s'y risquer. Revenir sur ses souvenirs lui permettait de se détourner au moins quelques secondes de la proximité un peu trop agréable du jeune blond. Et il ne fut pas déçu alors qu'il eut soudainement l'impression de retourner des années en arrière vers une époque qui lui avait paru plus heureuse dans son existence.
"Ok, c'est super bon là, en fait. J'ai l'impression de retomber en enfance."
Il finit le premier avant d'en prendre un autre mais ramena cette fois son attention vers son vis à vis. Ils avaient la soirée devant eux et cette pensée le rendait fébrile. Il savait qu'ils se connaissaient encore bien peu, ni l'un, ni l'autre n'avait été du genre très prolixe concernant qui ils étaient. Xavier avait beau n'avoir jamais joué un rôle avec lui, il ne s'était pas pour autant confié. Il en avait si peu l'habitude. Il était bien plus le genre à écouter, à entendre, à recueillir plutôt qu'à s'épancher. Les gens pouvaient l'intriguer sincèrement et Ludwig ne faisait pas exception à la règle, loin de là. Il était sans le moindre doute l'être le plus fascinant de son existence et il passerait volontiers cette dernière à apprendre à le connaître s'il le pouvait. Il s'engagea alors, revenant sur ses propos précédents.
"Du coup, tu viens ici depuis que t'es môme ? C'est vraiment cool comme endroit. Ton oncle a de la chance. J'ai toujours aimé le théâtre mais j'ai jamais trop eu l'occasion d'y venir. Enfin, sauf à une certaine période. Mais du coup, tu joues souvent ?"
L'idée de le voir jouer avait quelque chose de captivant. Il avait le sentiment que le garçon à côté de lui pouvait irradier sur une scène et il l'y voyait. Ça ne l'avait pas traversé auparavant mais ça avait le goût d'une évidence. Il avait cette lumière en lui, cette force indéniable capable de tout illuminer sur son passage. Quelque chose lui disait que son admiration pour les comédiens n'était pas prête de se ternir. Ce qu'il vivait pourtant en cet instant n'avait rien d'une pièce de théâtre. C'était le plus surréaliste finalement. Le plus incroyable. Le plus beau aussi. Comme lui. Comme ce garçon aux yeux trop bleus et aux traits trop séduisants. Comme cette émotion qu'il créait en lui et qui était plus précieuse comme le monde. Comme cette conviction qu'il faisait naître et qui était tout. L'évidence la plus simple et le sentiment le plus prégnant. Il lui appartenait, il l'aimait. Et ça n'était en rien une vérité masquée.
¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
Ludwig Carpentier

▬ look like : Axel Auriant-Blot
▬ talks : 126
▬ job : Serveur de hot dog en plus du lycée.
▬ love life : Messy as hell. Loved by a beauty king. His first one. His only one.
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro3_500

"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_potctcscRc1r1tkjgo3_250


▬ alias : Zézette
▬ copyright : Macky

   



Xavier & Ludwig



Ne pas comprendre, c'était une tragédie terrible pour Ludwig. Il avait toujours eu ce besoin irrépressible de tout comprendre, de tout contrôler même. Malheureusement pour lui, la vie ne lui rendait pas la tâche facile puisque tout n'était pas fait pour entrer dans ces deux catégories. Il n'était définitivement pas prêt de tout comprendre, lui qui avait beau avoir l'âme d'un scientifique, très raisonné, les mystères de l'univers restaient bel et bien présents pour une bonne partie de l'humanité. Quant au contrôle, c'était une idée incertaine, une envie très pressante de certaines personnes pour avoir l'air d'avoir la main mise sur leur propre vie... Alors que c'était tout l'inverse, effectivement. Carpentier ne faisait pas exception à ce sujet, toujours perdu entre plusieurs univers, voulant jouer à l'omniscient quand il n'était qu'un misérable roman de seconde zone écrit à la première personne. Comment comprendre le reste du décor dans ce cas là, justement? Le jeune homme aurait aimé connaître la réponse, posséder au moins le remède pour se sauver de sa situation des plus précaires. Depuis des années désormais, Ludwig se sentait mal en société et si c'était un secret pour tout le monde, le principal intéressé ne pouvait pas toujours se le cacher. C'était dans ces moments de doute que l'angoisse grimpait à des altitudes record et il se retrouvait à faire pénitence dans un coin de placard en espérant que Dieu l'épargnerait lorsqu'il monterait au ciel, c'est à dire incessamment sous peu. Durant ces heures tragiques, Ludwig ne répondait plus de rien mais surtout pas de lui-même, souffrant le martyr en perdant le contrôle total de son corps et son esprit, désirant ardemment connaître la fin de ces affreux maux. La conclusion finissait par arriver heureusement, parfois au bout de quelques minutes seulement, d'autres fois après plusieurs jours d'atroces souffrances mais dans tous les cas, le lycéen n'en sortait pas tout à fait indemne. La fatigue l'attrapait pour plusieurs semaines et il divaguait encore plus que d'habitude, terminant sa course avec des notes encore plus basses au lycée et des disputes perpétuelles avec ses parents vu à quel point il était irascible. Il avait simplement envie d'être seul, de quitter ce monde même, fou à lier de vouloir retourner en arrière au moment de sa dernière crise pour attendre la fin. Qu'il était fou de penser ainsi, qu'il était damné de rêver d'une mort à son jeune âge mais sa maladie l'emportait bien souvent contre sa raison, aussi développée fusse t-elle. La paix, Ludwig en rêvait certainement mais cette peur qui l'habitait le nourrissait tout autant, d'un feu tout aussi important que celui de l'anxiété pour être honnête. Il pouvait s'admirer plus longuement, se rêver autrement aussi, se porter sur une scène en se disant que tout était possible au bout du compte, qu'il suffisait simplement de tendre le bras pour atteindre ses idéaux. C'était ce qu'il avait réussi à faire quelques jours auparavant en s'autorisant à aimer Xavier, sans peur ni honte de ce qu'il pouvait ressentir, pour une fois. Cela ne voulait pas dire qu'il n'aurait plus jamais peur, loin de là même en vue de tout ce qui se tramait autour d'eux au lycée, mais il pouvait au moins envisager leur affaire avec un peu plus de sérénité parce qu'il savait que tout était vrai entre eux. Ils avaient beau se connaître depuis peu, même s'ils s'étaient côtoyés souvent en évoluant dans la même sphère depuis trois ans, il y avait ce petit quelque chose entre eux, cet indéfinissable élément qui les rendait plus élégants, plus vifs et plus beaux encore. Ludwig n'était pas un expert en chimie, bien plus à l'aise en biologie, mais il savait que ce phénomène était purement factuel et raisonné. L'alchimie, l'alliance de deux corps pour former un seul et même atome, il en avait vu des milliards d'exemples depuis le début de sa scolarité mais cet exemple là, cet eux deux qu'ils formaient contre toute attente, il n'y avait tout bonnement rien de plus magique que cela. Adieu alors, les formes toutes faites, les exploits scientifiques et les rêves d'union, la saveur de la raison n'avait rien à faire dans leur rencontre, dans leurs émois, dans les débats fébriles de leurs sentiments. Ludwig ne voulait pas comprendre tout cela, contrairement à tout le reste, il ne cherchait pas le moins du monde à le contrôler. Au contraire, il vivait l'instant avec vivacité, sans se soucier de la place qu'il aurait le lendemain matin, dans un monde qui n'était pas des plus tendres avec ces élans de différences. Le jeune apprenti boulanger ne voulait pas y penser à cet instant là, il ne voulait que profiter de Xavier après plus de deux jours sans avoir croiser son si doux regard. Avec celui-ci, il aurait pu allumer n'importe quel feu, dans n'importe quelle galaxie et cela, Ludwig était celui qui pouvait le saisir, contrairement à d'autres qui n'avaient pas eu la chance de connaître ce sentiment d'être regardé par une personne comme le littéraire. Sa beauté, cela, Ludwig la comprenait. Il la dessinait même dans ses rêves depuis plus de quarante-huit heures, toujours bercé par la présence du beau brun, cherchant à le voir, le sentir, le recréer dans son esprit parce qu'il comprenait son élégance, ce petit côté irrésistible que personne n'avait jamais essayé de nier. Il ne serait pas le premier à le faire, ni aujourd'hui ni les jours suivants,totalement obnubilé par ces douces retrouvailles, loin des médisances de la ville et les rumeurs sans importance. Carpentier avait vidé son cerveau de toute distraction, simplement concentré sur la silhouette qui se présentait face à lui. La douleur de ces derniers jours se trouva instantanément effacé, les souvenirs du sol froid des toilettes du lycée s'évaporèrent en même temps que ses poings serrés face aux commentaires meurtriers de ses camarades ou les regards insistants de ses parents. Tout le monde avait bien trop d'attente le concernant et cette fois, ce soir, Ludwig voulait juste s'oublier, sans honte, sans peur. Juste s'oublier avec Xavier. Mettre tout en oeuvre pour vivre ce moment à fond, se donner à lui comme il ne l'avait jamais fait personne, laisser son âme à nu face à quelqu'un qui avait l'air de tant l'aimer sans qu'il n'ait fait quoi que ce fut pour le mériter. Lui, l'apeuré. Lui, l'âme fébrile. Lui, l'amoureux transi. De lui.

L'événement était suspendu dans le temps, sa venue bloquant tous ses muscles et toute sa raison, ses sens restant les seuls éléments en mouvement dans ce grand théâtre bel et bien vide. Ludwig aurait pu rester ainsi durant une éternité, voire plus encore si Xavier lui offrait la chance de rester autant de temps en face de lui. Il ne savait plus vraiment quelles étaient les convenances dans ce genre de moments, bien loin d'être le garçon le plus au fait sur les coutumes à suivre lors d'un premier rendez-vous. Carpentier avait simplement agi en suivant son instinct, mettant ses neurones en pilote automatique durant toute la journée, s'attendant à laisser leur alchimie faire le travail. Il n'avait pas eu tort, abandonner les rênes pour laisser son coeur le contrôler, c'était certainement le meilleur choix qu'il aurait pu faire. Il en était persuadé à l'instant de croiser les prunelles de son partenaire parce que le monde n'avait plus d'envergure en dehors de cette si unique beauté, cette image de désir qu'il portait jusqu'à lui. Ludwig dût reprendre un long souffle pour retrouver un semblant de contenance alors que le grand brun s'approchait de lui. Il était tout aussi masochiste que lui au final et il ne put que rire en entendant ces mots. Tous les deux étaient tombés dans la plus pure des folies la semaine passée, perdus entre des vieux rayonnages de bibliothèques poussiéreux, abandonnant l'idée même de retourner vers le monde un jour. Ils s'étaient tout donnés à ce moment là, sans rien attendre en retour, rien de plus que cette chance inouïe de se retrouver l'un en face de l'autre sans les regards méprisants d'autrui posés sur eux. Ils n'avaient pas besoin de tous ces jugements infondés, Ludwig en tout cas n'en voulait pas là, à cet instant précis, son regard bleu océan posé sur celui de Xavier. Perdu entre la terre et le ciel. Perdu entre cette envie de succomber et le désir plus profond encore de démêler le moindre mystère qui le constituait. "Est-ce qu'on va se battre pour savoir lequel des deux a raison? Je crois qu'on peut être d'accord sur le fait de pas être d'accord, là... Parce que je pense pas être en mesure de changer d'avis sur le sujet, désolé." Il lui fit un clin d'oeil joueur, sachant fort bien que dans n'importe quelle bataille avec Xavier, il aurait perdu. Celle qui venait en tout cas était perdu d'avance en sentant ses lèvres s'amuser contre les siennes. A nouveau, le monde s'évanouissait autour d'eux, sa silhouette perdu contre celle du grand littéraire, à jamais happé par son magnétisme. Il aurait pu mourir entre ses bras, le souffle mort contre ses si douces lippes qui lui offraient le monde dans un échange passionné, embrasé même. Ludwig n'avait jamais connu quelque chose d'aussi puissant que cette sensation et peut être que, finalement, il comprenait les personnes qu'il avait rencontrées et qui lui avait parlées de ce qui se passait quand on embrassait quelqu'un q'on aimait. C'était cela, alors, ce feu complètement fou qu'on ne pouvait pas contenir, qui nous amenait au bord du gouffre mais on s'y jetait sans même sourciller tout en sachant trop bien que la mort arriverait à la fin de la chute. Carpentier s'en fichait pas mal en tout cas à ce moment là, retrouvant le contrôle de ses sens au terme d'une bataille acharnée contre ses sens en émoi. Xavier avait cet effet sur lui et il n'était pas prêt d'être à même de lutter contre cette tortueuse évidence. "Ça me va parfaitement, aussi." Il était déjà complètement dingue depuis la semaine passée, ses sens définitivement en éveil, son coeur battant à tout rompre dès lors qu'il entendait le prénom de Xavier au détour d'un couloir et il l'avait entendu, à de maintes reprises même. Pas dans des circonstances qu'il avait appréciées malheureusement mais cela n'avait pas empêché son palpitant de perdre complètement pied de ces sonorités si romanesques. Les souvenirs remontaient instantanément et un léger sourire venait habiter ses lèvres, un court instant avant qu'il ne se reprenne, revêtant son masque de stoïcisme, l'acteur en lui prenant le pas sur l'homme sensible qu'il était en réalité. Il jouait de la même manière à cet instant là, trouvant la force de se détacher de Xavier pour prendre place en plein coeur de la scène, là où l'acte le plus merveilleux de sa jeune carrière se jouerait sans doute, face à des pâtisseries faites par ses propres mains. Il n'avait aucune idée de ce qui adviendrait d'eux après cette soirée, encore moins si l'idée plaisait à Xavier, lui qui avait joué la carte de l'étonnement sans savoir ce que désirait son beau tuteur pour cette soirée. "Ouais, l'extérieur... C'est un truc que j'avais envisagé mais je me suis dit que c'était peut être pas la meilleure idée 'fin... Si on nous voit... Mais je suis ravi que ça te plaise en tout cas." Ses joues rosirent en prononçant ces quelques mots, honteux de ne pas être l'homme qui s'assumait face à Xavier, lui qui avait l'air de ne pas s'inquiéter de s'afficher face aux autres. Ludwig n'avait pas ce luxe pour le  moment, le secret se trouvant être la seule solution à leur histoire à l'heure actuelle. "Ouais, désolé, je me suis peut être un poil enflammé en cuisine cet après-midi... Mais j'étais un peu impatient, je pense alors j'ai dû faire passer le temps comme je pouvais et honnêtement, ça m'a fait du bien de me remettre à jouer avec un four à pâtisserie." Il ne l'avait pas fait depuis des années, le comble du malheur pour son géniteur qui ne voyait pour lui qu'une carrière dans l'artisanat suivant ses traces dans le gain de médailles et autres breloques de ce monde si particulier. Ludwig ne désirait rien de moins, préférant sa liberté plutôt que la chaleur du four à pain et les horaires de loup solitaire. "Ah mais je te rassure, quand je t'ai proposé ce rendez-vous, je voulais que ça, en fait... Que tu te ramènes, toi. Le reste, je m'en fous, tu vois. Et puis, imagine si t'avais ramené autant, on aurait pris vingt kilos en une nuit, l'enfer." Ses yeux bleus rieurs se posèrent dans les siens et Ludwig se sentit plus assuré dans ses mots et ses mouvements, comme si avoir Xavier à ses côtés le rendait plus homme que tout ce qu'il avait jamais dû accomplir jusqu'ici. Il lui souriait en entendant ses mots, Xavier se trouvant des plus heureux d'être à ses côtés apparemment. Ludwig ne pouvait que hocher la tête en le regardant avaler un bout de son fraisier, un poil angoissé du verdict. Il n'avait jamais réellement cuisiné pour qui que ce fut en dehors de lui-même et ses parents, autant dire que l'épreuve était ardue. Regarder Xavier manger lui apportait une belle boule au ventre qu'il sentit s'apaiser au moment où le littéraire lui apporta une réponse réconfortante. "Tant mieux si c'est mangeable alors... J'ai jamais vraiment pâtissé pour qui que ce soit en dehors de mes parents et ma soeur. Territoire inconnu total là!" Pas la peine de préciser à Xavier qu'il avait eu peur d'être complètement à côté de la plaque mais la réaction du jeune homme avait l'air sincère alors Ludwig put se détendre, les mains sur le sol, happé par le décor après une bonne minute à n'avoir pu se concentrer que sur Hershey. "Je venais beaucoup quand j'étais petit, oui. Je traînais dans les coulisses là bas et quand tout le spectacle se terminait, je venais faire ma standing ovation face à des sièges vides, je sais pas vraiment pourquoi... Ça m'apaisait, ça me faisait me sentir vivant. Et puis, mes parents se sont embrouillés avec mon oncle alors on a arrêté de venir, j'y ai repris goût à l'adolescence parce que je cherchais surtout un endroit où me poser loin de ma famille et... Ici, c'est l'endroit où je me sens totalement moi-même comme toi à la bibliothèque, si je peux tenter une comparaison." Il avait un regard émouvant posé à ce moment là, croisant à nouveaux les yeux de Xavier, sans trop savoir comment il pouvait répondre à sa question. "Souvent? Jamais pour les autres mais je connais deux ou trois trucs comme ça, pour le fun, attends..." Il se releva prestement, se postant non loin de là, debout, le regard baissé quelques instants, Ludwig s'effaçant pour un autre être plus singulier encore, le comédien masqué qu'il était si souvent mais cette fois, il existait au grand jour, ses yeux océan plantés dans ceux de son public. Son unique spectateur. Le seul qui comptait, de toute évidence. Les mots s'échappèrent de ses lèvres, l'émotion lui coupant la parole par instants alors qu'il déclamait, non qu'il recréait la sensation de quelques phrases posées là, au hasard, sans autre but que celui-là... La vérité qui naissait d'entre ses lèvres. "Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui." L'instant resta suspendu quelques secondes, le temps que Ludwig revienne à lui, ses expressions changeant instantanément pour signifier son retour. C'était beaucoup plus simple de se mettre dans la peau de ce personnage tout d'un coup, peut être parce qu'il savait ce qu'était l'amour désormais, aussi fou fut cette intense sentiment. Il n'était plus seul au monde et le bleu océan de ses yeux se maria avec la teinte singulière des yeux de cet être qu'il aimait si intensément. "Deux ou trois trucs de rien du tout, tu vois... Mais j'aime bien ça, être quelqu'un d'autre, c'est une expérience hors du commun, ça te fait ça quand t'écris des histoires, toi?" Il n'y avait pas de point de comparaison alors que son souffle était court, du regard posé sur Xavier ou peut être du fait qu'il ait osé jouer devant quelqu'un d'autre, tout à la fois. Ludwig n'aurait su le dire, là, debout, à perdre ses prunelles dans celles de Xavier, ne comprenant rien mais ne cherchant plus ce but à tout prix. Se contentant de l'instant présent et de ce coeur battant. A en mourir d'amour.
panic!attack
+ my eyes adore you

Xavier Hershey-Leslois
Xavier Hershey-Leslois

▬ look like : Maxence Danet-Fauvel
▬ talks : 142
▬ job : Squatteur de bibliothèque professionnel
▬ love life : Polarisée par des yeux méthylène
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pslb7bxD771ura1cxo4_250

Nous n'avons rien à faire, nous ne pouvons rien faire, nous ne devons rien faire que nous aimer, nous aimer le plus fort et le mieux que nous pourrons, jusqu'à la fin, dans notre monde à nous, écarté du reste, dans notre île, et nous appuyer l'un sur l'autre pour faire triompher notre amour par sa seule force, par sa seule énergie, en silence.

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig 84d6d017e4b02405ff418a13f2101b7ed088ebf0


▬ alias : Iracebeth
▬ copyright : Ira'beth

   



La transcendance. Ce sentiment inexplicable et inexpliqué qui venait saisir les moindres parcelles d'un corps et d'un esprit pour leur donner l'extraordinaire sensation de tout redécouvrir, de lâcher prise, de vivre pleinement et sans barrière avec une intensité folle. Cette émotion-là était rare dans la vie de Xavier. Quand il l'expérimentait, c'était bien souvent parce qu'il avait cherché à la provoquer. L'écriture à laquelle il s'adonnait régulièrement voire depuis quelques jours quotidiennement à n'en plus compter les heures paraissait jusque là être la seule chose capable de faire naître cet état en lui. Ca lui plaisait pourtant. Ne plus penser, ne plus réfléchir. Se laisser porter par le flot de l'existence et dans son cas précis de l'inspiration. Il abandonnait alors tout contrôle, laissait les rênes à son âme, à son esprit, aux mouvements de ses doigts. Les heures défilaient sans qu'il n'y prenne gare. Parfois, il devait s'arrêter parce que son corps se rappelait à lui, parce que ses yeux trop fatigués peinaient à tenir la cadence. Il n'éprouvait aucun rejet particulier de sa vie pourtant. Dans l'ensemble, il considérait même qu'il n'était pas trop à plaindre. Certes, son père n'était là que pour l'aspect financier et sa mère passait bien plus de temps à se noyer dans ses conquêtes qu'à s'occuper de ses nombreux enfants mais il n'était pas en conflit avec eux. Il n'était juste pas  spécialement proche de ses parents. Un peu plus d'elle que de lui, c'était certain mais aucun d'entre eux ne le connaissait vraiment. Il tenait à son authenticité mais combien de fois s'était-il retenu, avait-il affiché un sourire, avait-il cédé pour éviter les conflits, pour arranger les affaires des uns et des autres sans penser aux siennes ? Bien souvent, c'était ce genre de situations qui l'amenait à vouloir s'isoler, à se perdre dans la lecture ou quand il le pouvait et le ressentait, dans l'écriture. Dans combien de textes avait-il exprimé les mots que sa singulière bienséance le retenait de prononcer ? Il paraissait presque étrange qu'il puisse appartenir à une famille aussi grande sans connaître de véritables proximités avec qui que ce soit. Il ne pensait pas à ses aînés bien sûr avec qui, même plus jeune, il n'avait pas partagé grand chose. Ils étaient bien trop différents même si parfois, il se disait que dans d'autres circonstances, ils auraient pu être proches avec Dimitri qui était bien moins compliqué que la première. Il y avait bien ses cadets mais ils étaient encore si jeunes. Il était presque triste à dire qu'il finissait par occuper une place plus paternelle que celle qui aurait du être la sienne en tant que frère. Il l'avait senti venir, avait tenté de se détacher un peu en voyant la dernière relation de sa génitrice s'installer dans le temps, saisissant l'opportunité que son grand-père lui donnait. Ce dernier était peut-être bien le seul au sein de cette famille à le connaître un peu. Ils échangeaient souvent même si Xavier ne disait jamais tout mais ils ne se cachaient pas grand-chose non plus. Les mots n'étaient pas forcément nécessaires dans leur cas. Il en savait davantage qu'il ne l'avouerait, davantage même que ce que le jeune homme pouvait soupçonner. Sans doute serait-il le premier au courant de son histoire avec Ludwig. Depuis le début de la semaine déjà, les signes ne trompaient pas. Xavier avait beau être éreinté, afficher de grandes cernes sous ses fins yeux bleus, il rayonnait. Il était souvent d'humeur égale, ne râlait jamais, donnait toujours un coup de main sans broncher, parfois avant même qu'on ne le lui demande. Mais depuis quelques jours, il était distrait. Souriant, plus chaleureux que jamais mais distrait. Il n'avait ainsi pas été rare que le vieil homme eut à le ramener sur leur conversation, ce qui ne manquait pas de le faire rougir quand il s'en apercevait. Il n'avait pas encore posé trop de questions mais Xavier savait qu'il l'observait, qu'il attendait des réponses. Et il finirait le moment venu par les lui donner. Pour l'heure, il tentait encore de dénouer ce qu'il ressentait, ce qu'il vivait. C'était surréaliste, hors du temps, incontrôlable. Il avait l'impression d'évoluer dans un étrange rêve, dans une euphorie stellaire et déconnectée du monde. Ce dernier pourtant ne l'épargnait pas vraiment. Mais il n'était pas encore parvenu à l'atteindre. Comme si les sentiments nouveaux et magnifiques qu'il se découvrait le rendaient pour l'heure relativement immunisés aux attaques. Ils avaient mis à bas ses protections, ses murs, toutes ses défenses mais ils paraissaient vouloir en prendre la place, l'aider à rester plus fort que le monde, que les autres, que l'incompréhension qui pourrait venir ruiner la beauté qu'il avait pu connaître. Aujourd'hui si l'on devait lui demander de décrire ce à quoi la sensation de transcendance pouvait ressembler, ça ne serait plus à ses séances d'écriture ou à la perdition dans ses lectures qu'il penserait, ça serait à lui. Parce qu'il avait tout changé. Parce qu'en un instant à peine, il avait modifié  son univers, transformé son existence et bouleversé les battements de son coeur. Il avait suffi d'une seconde, de quelques mots et l'intensité était venue frapper. Elle avait tout sublimé et la beauté qu'elle exprimait était à couper le souffle. Il était à couper le souffle. Il avait fait de lui un aveugle à qui l'on avait soudainement rendu la lumière, un muet à qui l'on avait rendu les mots, un sourd à qui l'on avait offert l'ouïe par le son de son rire, un anesthésié à qui l'on avait fait redécouvrir le toucher par le contact de sa peau. Xavier avait repris possession de ses sens seulement pour s'apercevoir qu'ils avaient complètement changé, qu'ils étaient différents, qu'ils n'existaient plus que pour lui, que pour sa réalité. L'inspiration bien sûr s'était faite d'autant plus vive, d'autant plus présente. Elle avait repris un nouveau souffle et paraissait ne jamais vouloir s'arrêter. Elle était insatiable, l'amenant à écrire pendant des heures sans cesser, sans se lasser. Elle lui faisait parler de lui, graver les traits de son être à l'encre sur le papier, tenter de comprendre pourquoi, comment une existence pouvait finir aussi transformée, aussi bouleversée en l'espace d'une infime seconde par un seul être. L'épiphanie vivait toujours au creux de ses veines, irradiant tout, même sa conscience et rien ne semblait vouloir y changer. Après quelques heures trop longues, près d'une journée d'attente, il avait fini par le retrouver et son état ne s'était en rien amélioré, bien au contraire. Il était ressorti de la réserve plus certain encore de ses sentiments, plus amoureux que jamais.
Ce jour-là, il le sentait, ne ferait pas exception. Il lui avait suffi de l'apercevoir là, à l'autre bout de la scène pour se rendre compte qu'il n'y aurait pas de retour en arrière. Que sa vie, si elle ne le devait jamais, ne serait plus la même. Que quoi qu'il choisisse, quoi qu'il fasse, son existence n'aurait plus à cœur rien d'autre que d'être irradiée d'amour pour ce garçon. Il était réel, il était là. Il avait eu beau, dans des semblants de lucidité, se dire que c'était fou, qu'ils étaient jeunes, qu'ils connaissaient encore si peu du monde, des sentiments ou même de l'autre, il n'éprouvait pas le moindre doute. Alors après avoir laissé son regard s'évaporer sur le décor, il l'avait ramené sur la seule chose qui comptait. Que le temps avait pu être long. Mais le manque commençait lentement à s'évanouir pour laisser place à de l'anticipation, à une fascination renouvelée, à une sensation de bonheur instantanée. Il s'était rapproché, lentement, se nourrissant de la moindre parcelle que sa vision lui offrait. La beauté de son sourire, l'élégant tracé de son visage, la finesse de sa silhouette et le sublime surréalisme de ses yeux. Il vivait du son de sa voix qui lui avait manqué autant que tout le reste. Il était un fou, amoureux transi désespéré, indécemment chanceux de vivre et d'exister. Ils avaient comblé l'insoutenable distance avec des mots jusqu'à ce qu'il le retrouve enfin. Jusqu'à ce qu'il sente soudainement qu'il avait retrouvé la place qui était la sienne dans ce monde. Avec lui, contre lui. Il avait alors repris l'univers entre ses doigts puis après un murmure et un dernier sourire teinté d'émerveillement amusé, il avait mis fin au supplice. En saisissant à nouveau ses lèvres, il avait retrouvé la raison qui aurait pu justifier toute une existence, peut-être même la sienne. Ca en avait le goût en tout cas. Alors après la douceur, la passion avait repris le dessus, l'expression du manque, de la vie qui reprenait son cours, du désir incandescent qu'il ressentait à l'égard de ce qui lui apparaissait comme le plus beau de tous les êtres. Il aurait pu passer une réalité contre ses lippes, une vie entière entre ses bras, une éternité dans son étreinte. Mais son souffle saccadé avait fini par le réveiller, le ramener à l'instant présent. La nuit commençait à peine et c'était sans doute bien la seule raison qui lui donna la force de s'éloigner. La folie pourtant n'était jamais loin, sinueuse dans l'évidence que le moindre de ses sens pouvait ressentir. Il devait s'en détacher, reprendre raison. Il s'écarta alors de lui, se concentrant sur les lieux plutôt que sur sa magnifique personne. Finalement, Ludwig s'éloigna à son tour. Ils parlèrent de l'endroit, définitivement inattendu. Xavier ressentit un léger pincement au cœur en voyant ses pommettes rosir. Il détestait qu'il puisse se sentir gêné de ne pas être confortable avec la nature particulière de leur relation. Si les derniers jours au lycée avaient prouvé quelque chose, c'était bien que sa prudence était justifiée. Mais il ne l'avait pas rejeté en dépit de tout cela, en dépit de ce que leur histoire engendrait, des difficultés qu'elle pouvait créer. Pour lui, c'était déjà beaucoup, presque plus qu'il ne sentait le mériter parfois. Il n'ajouta rien cependant, son attention soudain focalisé sur la suite de son discours. Il lui fallut un temps pour réaliser ce qu'il venait de lui dire. Son sentiment de culpabilité laissa place à une incrédulité émerveillée. Cesserait-il jamais de le surprendre ? Il fallait croire que non. Il était surréaliste qu'il puisse l'aimer davantage à mesure qu'il apprenait à le connaître mais ça ne semblait pas près de s'arrêter. Il ignorait quelles autres surprises il allait alors bien pouvoir lui réserver parce que chaque minute paraissait pouvoir en apporter une nouvelle, établissant chaque fois un peu plus la force et l'immuabilité de ses sentiments. Le jeune homme lui offrait son refuge mais aussi la preuve de ses talents. Il était décidément beaucoup trop chanceux. Il aurait été de nature à avoir des complexes, il en aurait sans doute eu à cet instant. Il ne pouvait qu'espérer que l'amour inconditionnel qu'il comptait apporter à l'équation suffirait.
"Attends, c'est toi qui a fait tout ça ? T'es vraiment un mec surprenant, Ludwig. Tu en as beaucoup d'autres des talents dans ce genre-là que je me prépare ? Je savais pas du tout que t'étais dans le domaine de la pâtisserie. Je suppose qu'il y en a dans le métier dans ta famille du coup ?"
Il était sincèrement curieux et n'attendit pas beaucoup plus longtemps avant de suivre son mouvement et de venir saisir l'une de ses œuvres. Sans grande surprise, c'était délicieux, ce qu'il n'hésita pas à lui signaler avant d'en prendre une autre.
"Je suis décidément un privilégié alors. C'est une idée qui me plaît"
Décidément trop s'il devait être honnête. Que nul autre n'ait jamais eu l'opportunité de découvrir le jeune Carpentier lui apparut à nouveau complètement surréaliste. Il aurait voulu maudire pour la centième fois en près d'une semaine l'aveuglement du reste du monde mais dans le fond, il était juste heureux. Heureux que ce soit à lui qu'il offre cette chance, que ce soit lui qui ait la faveur de pouvoir l'avoir à ses côtés. Il continua alors de s'intéresser à lui, au lieu dans lequel il l'avait amené et qui ne cessait de l'intriguer. Il découvrait une facette définitivement insoupçonnée et incroyablement plaisante. Comme s'ils n'étaient pas si différents finalement, comme si quelque chose de plus que leurs sentiments indéniables pouvait encore les rapprocher. La perspective était enivrante. Avait-il fallu qu'il tombe alors amoureux d'un comédien. Comme si la réalité n'était déjà pas trop belle. Il l'écouta avec une attention entière, sincère. La comparaison qu'il lui offrit à la fin lui parût tout à fait appropriée tant elle évoquait finalement son propre ressenti des événements. Il hocha la tête en l'entendant, incertain encore de ce qu'il pourrait maintenant ajouter. Il n'en fit rien, saisissant son regard quand il vint croiser le sien alors qu'il était nourri d'une émotion qu'il trouvait belle. Il attendit la suite, sans détourner sa concentration. Mais bientôt, le jeune homme ajouta des gestes aux mots. Il le suivit des yeux quand il se leva, peu sûr de ce à quoi il devait s'attendre mais ressentant soudain une fébrilité dans le creux de sa nuque. Il le vit changer face à lui, imperceptiblement. Il avait appris à connaître ses expressions, ses nuances au cours des quelques instants qu'ils avaient pu passer ensemble. Il comprit alors avant qu'il ne commence et ne sût pas ce qu'il devait faire. Il ne fit rien. Les prunelles douées d'une nouvelle expérience de son partenaire vinrent reprendre en otage les siennes et il s'y abandonna sans arrière-pensée. Le temps fût momentanément suspendu. Son esprit se perdit dans d'autres sphères alors qu'il s'imprégnait de ce qu'il avait devant les yeux. Il était subjugué, entièrement captivé par la scène qui se jouait face à lui, frappé une nouvelle fois par l'évidence. La plus simple et la plus belle des évidences quelques jours à peine après la première. La transcendance fulgurante revint le saisir alors qu'il perdait pied avec la réalité. Il n'existait plus qu'une seule chose. Lui. Lui et ses mots. Lui dans la lumière. Lui, plus magnifique que jamais. La première fois qu'il l'avait vu, il avait su qu'il était particulier, qu'il était intriguant, qu'il était différent. Il l'avait observé, admiré même pendant plusieurs années avant de pouvoir l'écouter, le fréquenter pendant quelques heures, l'apprendre et le découvrir un peu. Quelques jours plus tôt, il avait compris qu'il avait été aveugle et qu'il était plus que cela. Qu'il était tout, qu'il était l'existence et l'univers, qu'il était à l'image de ses yeux l'océan vibrant de toute une vie. Il avait alors saisi qu'il en était amoureux parce qu'il était la part qu'il recherchait, qui lui manquait. Parce qu'il était cette exception. Le temps qui avait passé depuis n'avait cessé de le confirmer, de rendre plus tangible la force de ses sentiments, de l'amour, du désir, de la passion qu'il éprouvait pour lui. Ils avaient tout envahi, tout bouleversé, tout remis en cause. Il savait. Il le ressentait au plus profond de son être, de son corps, de son cœur, de son âme. Et pourtant. En le voyant là, en le regardant, il fut frappé. Dans cette irréalité, il connut ce qu'il avait jusqu'alors manqué. Le coup de foudre. Le plus simple, le plus fulgurant, le plus évident. Il le redécouvrit et redécouvrit la portée de son affection pour lui. Il retomba amoureux comme s'il n'avait jamais cessé de l'être. Il l'était plus que jamais. Il avait été sûr depuis le départ de ce qu'il ressentait pour lui, de ce qu'il avait représenté. Ce n'était plus de la certitude, de l'évidence, de la flagrance. C'était la plus pure des réalités. La seule, l'unique. Tout ce qui comptait.
Il resta abasourdi quelques secondes, incapable de prononcer le moindre mot, l'observant comme s'il le voyait pour la première fois, comme s'il ne l'avait pas connu avant de l'aimer, comme s'il n'y avait jamais eu de réalité dans laquelle il n'existait pas. Le moment suspendu entre eux, il nota à peine qu'il était revenu parmi eux, qu'il était à nouveau là, juste lui. Il brillait tellement. Il était un autre dans la lumière, il avait été un autre dans son jeu. Plus libre, plus assuré qu'il ne l'avait jamais vu l'être. Il fut muet encore quelques secondes de plus, ébahi par le jeune homme face à lui, ressentant le besoin d'un instant pour comprendre le sens de ses mots, de sa question. Son regard signifiait l'adoration, l'admiration, l'amour le plus pur. Comme s'il était la plus belle chose qu'il avait jamais vu. Sauf qu'il l'était. Il l'était. Et saisi par l'émotion, Xavier finit par reprendre contenance, par se détacher de ses iris bien trop bleues. Il déglutit avec difficulté, reprenant son souffle qu'il n'avait pas conscience d'avoir perdu avant de revenir vers lui.
"C'était .... c'était magnifique, Ludwig. C'était .... incroyable. Je ... j'ai plus mes mots là. Je crois que .... je crois que je viens de retomber amoureux de toi encore une fois. T'es l'être le plus incroyable que j'ai jamais rencontré, j'espère que tu le sais."
Il finit par se lever à son tour pour se mettre à sa hauteur, sans lâcher son regard pendant une seconde, noyé dans l'émotion la plus empreinte de vérité, la voix perdue dans un murmure fiévreux.
"N'en doute jamais. Jamais"
Il revint mettre ses mains contre ses traits, se perdant de leur vision et dans celle de ses iris de méthylène. Il caressa ses lèvres mais ne vint pas les prendre. Au lieu de quoi, il ramena son front contre le sien avec un sourire émerveillé. Il prit quelques secondes là, contre lui, à son contact pour reprendre pied, pour retrouver son chemin vers le monde réel. Quand il se détacha enfin, ce ne fut pas sans un dernier regard fasciné, transfiguré. La conscience revenue, il se souvint de ses derniers mots, de son interrogation. Encore fébrile, incertain, il tenta de de ramener de la cohérence dans ses pensées, de chercher une réponse dans les tréfonds de son esprit embrumé. Ca te fait ça quand t'écris des histoires, toi ? Répondre. Juste répondre. Il lui offrit alors un sourire et poursuivit, d'une voix douce.
"Et ouais, ça me fait ça aussi quand j'écris. Quand j'écris n'importe quoi d'ailleurs. Je suis plus tout à fait moi. Surtout en ce moment. Tu nourris un peu trop mon inspiration."
Il annota ses derniers mots avec un léger rire, relâchant doucement les contours de son visage, lui saisissant plutôt les mains, les embrassant pour ne pas le faire avec ses lèvres. Au contact de sa peau, il réalisa que le mythe dans lequel il s'était réfugié ne lui avait jamais paru aussi vrai, aussi tangible. Parce que Ludwig Carpentier, il le savait au plus profond de son âme était cette autre moitié, cette part manquante que l'univers lui avait ôté. Son unique. Sa transcendance.
¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
Ludwig Carpentier

▬ look like : Axel Auriant-Blot
▬ talks : 126
▬ job : Serveur de hot dog en plus du lycée.
▬ love life : Messy as hell. Loved by a beauty king. His first one. His only one.
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro3_500

"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_potctcscRc1r1tkjgo3_250


▬ alias : Zézette
▬ copyright : Macky

   



Xavier & Ludwig



Certains rêvaient de grandeur, de réussite, d'être enfin reconnu pour un talent quelconque, Ludwig, lui, ne rêvait de rien d'autre que d'être oublié. C'était l'histoire de sa vie, lui, l'aîné des enfants Carpentier, l'enfant qu'on avait décrété prodige parce qu'il était arrivé bien trop tôt pour qu'on ait eu le temps de réaliser qu'il n'était qu'un enfant. Rien d'autre qu'un môme qui ne voulait pas être considéré comme le sauveur de l'humanité. Il n'était rien de tout cela et Ludwig avait toujours essayé de s'effacer au sein de sa famille, persuadé de toute manière que les Carpentier n'avaient rien à gagner avec un enfant de sa trempe. Son angoisse était de toute évidence bien trop forte lorsqu'il était le centre de l'attention et malheureusement, ce fut le résumé de son enfance. Qu'il aille chez ses grands parents paternels ou maternels, on rêvait pour lui qu'il fasse des milliards de choses alors qu'il ne voulait rien de plus que de se retrouver seul dans sa chambre. Il se rappelait très bien son entrée à l'école, la quête de ses parents pour lui trouver une activité sportive digne de ce nom. On l'avait joyeusement invité à faire du football et pour faire comme tous les autres, il avait enfilé un maillot, la pire année de sa vie. Il n'avait que huit ans à cette époque là mais il se rappelait très bien des commentaires désobligeants des personnes qu'il croisait alors qu'ils étaient tous là pour s'amuser, non? Après tout, ils n'étaient que des mômes et la course à la victoire n'était pas encore inscrit dans leurs gènes. Ludwig avait tenu le coup toute une année, s'enfermant dans les toilettes à côté des vestiaires à chaque fois qu'il le pouvait, entre deux mi temps, après le match alors que son père fanfaronnait à la buvette. Sa mère venait toujours lui ébouriffer les cheveux en le félicitant de sa performance alors qu'il n'avait même pas touché un seul ballon durant les dix minutes où on lui avait offert l'opportunité d'être sur le terrain. L'enfant voyait très bien le regard de ses parents lorsqu'ils prenaient la voiture pour rentrer à la maison: il les décevait et déjà, ses mains tremblaient et son souffle se coupait. Il luttait pourtant, il avait tenu. Puis, ses grands parents avaient décidé que si le sport n'était pas sa tasse de thé, ils lui payeraient des cours de piano. Une réalité bien belle mais clairement difficile à exécuter quand vos doigts tremblaient au contact d'un public quelconque. Son professeur était un vieil homme un peu tortionnaire parce qu'il avait enseigné au grand conservatoire de Paris avant de prendre sa retraite dans l'oubli le plus total. Ludwig avait dix ans, sa mère enceinte l'amenait chez ce vieil homme bizarre qui habitait tout seul dans une maison remplie de poupées en porcelaine et de trophées de pianiste régional. L'enfant avait la gorge nouée en posant son pied sur la pédale, ses doigts frémissant au contact des touches. Il avait aimé le piano, quelque part, il n'avait pas été mauvais mais son professeur de fortune n'appliquait clairement pas la bonne méthode avec lui. Il le forçait à réaliser des exploits impossibles, l'obligeant à se produire au moins face à sa famille une fois par mois... Une déception cuisante pour tout le monde. Incapable de sortir le moindre son harmonieux, Ludwig avait fui dès la première représentation se cacher dans la vieille réserve derrière la cuisine du vieil homme. Tremblotant, on l'avait cherché une bonne demi heure et les commentaires, à nouveau, qui sidéraient ses tympans. Qu'allait-on faire de lui? Avait-il un quelconque talent? Il avait tenu deux ans cette fois puis, il avait tout arrêté. Ludwig ne toucha un piano qu'une fois depuis, une seule et unique fois, les doigts ne tremblant plus parce qu'il était seul sur le quai d'une gare à quatre heures du matin alors qu'il attendait depuis six ou sept heures son TGV pour rentrer chez ses parents après un voyage à la compagne chez ses grands parents maternels. Il avait appuyé sur les touches instinctivement et cette fois, le son apparaissait harmonieux, comme venu d'un tout autre univers. Il joua peut être un quart d'heure sans se rendre compte que deux ou trois personnes finirent par le regarder au milieu des sans domicile fixe qui cuvaient leur vin dans un coin de la gare. Lorsqu'il termina sa narration lyrique, il ressentit le picotement perceptible au bout de ses doigts parce que son regard avait croisé celui d'une autre personne. Ludwig se mit instinctivement à rougir, ses doigts tremblant fortement dès la deuxième seconde et il se dépêcha d'attraper ses affaires pour aller s'affaler dans un coin reculé de l'édifice, là où personne ne le regarderait. Il avait seize ans à ce moment là. Depuis, plus rien. Ses parents avaient arrêté d'espérer quelque chose de lui, à part peut être qu'il prenne la suite à la boulangerie mais tête comme il était, Ludwig n'était pas prêt de leur apporter satisfaction. Dans les coulisses, pourtant, le jeune homme n'apparaissait pas dénué de talents. Seulement son oncle le savait, un oncle définitivement silencieux parce qu'il savait bien que son neveu refusait obstinément qu'on parle de lui. Il l'avait vu jouer quelques fois quand tout le monde était parti après un spectacle alors qu'il était censé nettoyer les allées. Ludwig ne le voyait jamais, tapi dans l'ombre dans un coin de la salle, il était témoin du feu divin qui animait l'adolescent quand le monde ne venait pas le restreindre. Parfois, le jeune Carpentier laissait échapper une ou deux larmes, sans comprendre pourquoi, peut être simplement parce que c'était dans ce seul contexte qu'il ne tremblait pas et que son souffle ne lui faisait pas défaut. Le monde entier, dans ce genre d'instants, n'existait plus. Il n'y avait que lui et son texte et toutes ces années de lutte pour satisfaire la dynastie familiale n'avait plus d'importance parce qu'il semblait savoir qui il était, là, dans cet instant présent, perdu en dehors du temps. Bien évidemment, ses parents n'avaient jamais rien su de tout cela, ils n'avaient même pas conscience que Ludwig continuait de côtoyer son oncle malgré les réprimandes de sa mère. Le jeune homme ne voulait pas réellement connaître le fond de cette histoire, de toute manière, c'était des affaires d'adulte et lui, finalement, n'était encore qu'un gosse. Un de ceux qu'on espérait voir grandir, muer vers le sublime qu'il était voué à être. Ludwig ne le savait pas, bien sûr, dans sa tête, il n'était que l'enfant de l'ombre, celui qui allait se cacher dans les toilettes à côté du terrain de football et qui tremblait face à un piano. Il n'avait pas l'intention d'être reconnu pour quoi que ce fut, juste par sa simple inexistence. C'était ce qu'il ressentait, c'était même ce qu'il recherchait en continuant à venir au théâtre et à se produire seul parfois après des représentations qui le faisaient rêver. Ce n'était pas grand chose, juste cinq minutes durant un petit mois mais c'était les cinq plus belles minutes qui le faisaient se sentir vivant.

Son monde aurait pu être ainsi pour encore des années mais l'arrivée tonitruante de Xavier au sein de son existence avait tout modifié. Il n'était plus question de se tapir dans l'ombre lorsqu'il était en sa présence, Ludwig rêvait même de briller pour l'émerveiller, pour voir au fond de son regard tout l'amour qu'il pouvait lui porter en retour. Pour une fois dans sa vie, il avait l'air d'un égocentrique à avoir ce genre de souhaits mais à ses yeux, il n'y avait rien de plus beau que le regard du littéraire posé sur lui. Dans ces moments là, Carpentier avait l'impression d'être le seul et unique homme qui peuplait cette Terre, une sensation méconnue jusqu'alors. Il avait vu des dizaines de personnes rêver qu'il fut ce garçon, celui qui brillait en toutes circonstances, entouré de milliers d'âmes mais Ludwig ne pouvait pas leur donner raison. Avec Xavier, il n'avait pas besoin de cela. Il pouvait être lui même, rester caché aux yeux du monde et dans le même temps, être vu par lui. Une semaine auparavant, c'était son existence toute entière qui s'était retrouvé chamboulée par cette douce et intense réalité. Il ne savait pas au moment d'inviter Hershey à ce rendez-vous qui l'amènerait aussi, au coeur même de la personne qu'il était lorsque les lumières étaient éteintes. Au lycée, il voulait se joindre à la foule, apparaître comme le plus normal des adolescents de son âge, perdu au milieu de tous ces gens pour mieux rester invisible mais au théâtre, Ludwig était bien différent. Il n'était plus question de jouer à l'ignorant, à celui qui parlait trop pour cacher ses troubles... Il était un véritable comédie et c'était peut être cela qu'il désirait montrer à Xavier même s'il n'avait pas encore conscience lui-même de cette beauté camouflée en son for intérieur. Il n'avait pas franchement conscience de grand chose à cet instant précis, sauf peut être du fait que Xavier était la plus belle âme qui peuplait ce monde, la silhouette la plus merveilleuse qu'il ait pu espérer contempler jusqu'ici. Il ne voyait que lui, là, face à lui, après un baiser langoureux, une séance de rattrapage des quelques jours qu'ils avaient dû passer trop loin l'un de l'autre. Carpentier se sentait fébrile déjà, il l'était toujours depuis qu'il avait parlé pour la première fois au grand homme, au fond de sa bibliothèque. Il n'avait pas tremblé, étonnamment, ni bégayé, ce qui avait l'air d'être un exploit gigantesque pour le grand angoissé qu'il était... Non, il s'était senti incroyablement bien en s'asseyant face à un Xavier aux cheveux ébouriffés, des cernes sous les yeux mais tellement beau que le monde aurait pu s'arrêter à cette image, on aurait vu tout ce qu'il y avait à voir de beau au sein de cet univers. Les circonstances avaient changé depuis cette fameuse première heure de cours mais l'image était restée la même. Xavier, tout contre lui, avec les mêmes cheveux ébouriffés, les mêmes cernes mais ce sourire qui lui était destiné après qu'il ait pu reprendre sa respiration. Cette fois, il était sien. Cette fois, il était tout au coeur de son existence. Ludwig s'en éloigna bien à contrecœur mais il savait que c'était pour mieux y revenir lorsque l'instant serait propice. Après tout, la soirée qui débutait devait leur apporter les réponses sur la personne qu'ils avaient en face d'eux. Carpentier avait tellement de questions sur cet homme, celui qui apparaissait toujours stoïque en public mais qui ressentait avec tellement plus de force que la majorité des gens. Il était une véritable énigme, une qu'on avait définitivement envie de percer mais pas pour la dévoiler au grand jour, au contraire, plutôt pour la chérir dans son unicité. Avoir simplement conscience de la chance qu'on avait d'avoir pu découvrir le secret et profiter de ce statut pour l'aimer plus encore, si c'était possible. Cela avait l'air relativement difficile vu la manière dont les yeux océan de Ludwig étaient posés sur un Xavier, silencieux, qui goûtait à ses pâtisseries. Il avait l'air d'un môme, là, attendrissant en souriant face au goût des souvenirs qui se rappelaient à lui. Ludwig aussi souriait en le regardant, ses yeux lui envoyant des éclairs d'amour somptueux qu'il ne put attraper en vue de sa discrétion. Il revint toutefois sur terre au moment où Xavier sembla s'extasier d'apprendre que c'était ses petites mains qui avaient préparé cet étrange pique nique. "Non, mais j'ai aucun mérite, tu sais... Mon père est boulanger pâtissier, on a une boutique à dix minutes du lycée. Il veut absolument que je prenne sa suite alors j'ai passé deux étés dans son labo' à tout apprendre du métier, le décevant au possible parce que je ratais à peu près toutes mes compositions... Exprès. Finalement, je suis content d'apprendre que j'ai quand même appris les bonnes ficelles si tout ça, c'est mangeable. Je pensais jamais en arriver là mais la pâtisserie, ça me détend, même si je pense pas que je serais capable d'en faire mon métier un jour." Il regarda Xavier avec des joues rosies par l'émotion. Il savait qu'il était un mauvais enfant parce qu'il avait joué avec les sentiments de son père en faisant semblant d'être mauvais en cuisine alors qu'il n'y avait peut être pas plus minutieux que lui lorsque ses doigts ne tremblaient pas d'angoisse. Tout cela, ce mensonge, il ne l'avait jamais dit à personne. Xavier était le premier à apprendre le pot aux roses et c'était un soulagement incommensurable de le voir attraper une deuxième pâtisserie en réponse à ce récit. "Je suis pas très à l'aise avec la notion de talent de manière générale, mes parents te répondraient que t'as pas à t'en faire à ce sujet, rien à signaler de ce côté là." Il baissa les yeux, résultat de plus d'une décennie de traumatismes infligés par ses géniteurs. Ils ne le faisaient pas exprès évidemment mais à force de lui mettre la pression pour qu'il soit exceptionnel, ils avaient fini par faire de lui un paria. C'était ce qu'il était, oui Ludwig, incapable de respirer correctement quand on le regardait de trop près, incapable d'être lui-même sauf en dehors d'une scène dans une salle vide et face à lui, face à Xavier. C'était sûrement parce qu'il était aussi à l'aise avec ce garçon qu'il se releva prestement pour déclamer un monologue glaçant, l'expression de son visage changeant à chaque mot prononcé. Il était là, plus tout à fait lui même, définitivement un autre, ses grands yeux bleus perdus dans ceux de son public, captivé par l'intensité de l'émotion qu'il lui envoyait en retour sans forcément s'en rendre compte. Son regard le porta aux nues, le poussant à voir plus loin, plus beau, plus puissant encore. L'émotion s'agrandit encore dans ses prunelles dans cet instant transi dans le temps. Xavier le poussait à être meilleur encore, il n'avait jamais joué de la sorte avec autant d'intensité, autant d'appréhension aussi de ne pas être assez performant pour le meilleur public qu'il ait jamais eu. Le seul en réalité. Si n'importe qui d'autre avait été assis face à lui à ce moment là, il l'aurait vu trembler, peut être même bégayer mais avec Xavier, rien de tout cela ne vint. Ludwig se retrouvait plus à l'aise que jamais dans un rôle de composition sur la force de l'amour, le paroxysme de son existence depuis une bonne semaine maintenant. Lorsqu'il eut terminé, Ludwig ressentit un frisson lui parcourir l'échine, imperceptible mais si puissant qu'il voyagea jusqu'à ses beaux yeux bleus qui ne se fermaient plus, eux. Non, il n'était plus capable de cligner des yeux complètement transcendé par le regard que lui offrait Xavier à ce moment là. Il ne bougeait plus, le regardait totalement bouleversé, même si rien d'autre que sa stature ne semblait être le témoin de ce trouble. Carpentier le sentait, il était dans le même état, retrouvant le sens du mot respirer seulement quand Xavier bougea à nouveau pour le rejoindre. Ludwig suivit le parcours de sa silhouette, ses yeux se relevant lorsqu'il se retrouva à quelques centimètres de lui et désormais, c'était lui qui était troublé. Oui, troublé par ses doux mots, par cette assertion qu'il était capable de lui faire ressentir mille émotions en l'espace de quelques phrases portées sur une grande scène vide. Le lycéen mit un temps à lui répondre, complètement paralysé par la force de l'instant et par le regard de Xavier. "C'est vrai? Tu peux tomber follement amoureux d'un acteur? Parce que c'est ce que je suis, Xavier. Au lycée, tout le temps. C'est peut être ça mon talent finalement... Je suis bon pour faire vivre le mensonge." Il déglutit en ne le lâchant pas des yeux, aussi déterminé que jamais à apparaître sincère face à la personne qui comptait le plus dans sa vie. "Enfin, il y avait pas que du faux dans ce monologue cela dit. Je suis sûr qu'au moment de mourir, je me rappellerai de ce moment là... Quand tes yeux se sont attachés au mien au milieu de ce flot de répliques. Ouais, je me rappellerai que j'ai eu la chance d'aimer comme un fou et d'être aimé même si j'en étais un, malgré tout." Il n'y avait peut être rien de plus réel que ce monologue au bout du compte et que cet aveu de Ludwig, teinté de l'angoisse de ne pas être tout à fait assez vrai pour quelqu'un d'aussi pur que le littéraire. Il n'était pas aisé pour lui de dire à une personne à quel point il pouvait l'aimer mais il était définitivement capable de le faire de cette manière là, subtilement, après une scène de théâtre des plus intenses, à côté des immenses rideaux rouges, le corps de son amoureux si proche de lui. Cette sensation n'avait pas d'égale et Ludwig la partageait avec l'écrivain, oui, ils avaient ce point commun. Artistes dans l'âme, tout leur univers s'effaçait au profit de leur art parfois et c'était ce qu'il y avait de plus magique au monde. "Ça t'est arrivé comment l'écriture? A quel moment Xavier est-il devenu si extraordinaire? Je remercierai jamais assez la littérature pour ça, nous avoir rapprochés toi et moi. Moi, on sait pourquoi je me suis retrouvé là mais toi, hein, oui, toi?" Il voulait comprendre, savourer l'être si singulier qu'était son partenaire, celui qui caressait ses traits puis baisait ses phalanges avec dévotion. Ludwig ne méritait certainement pas un tel traitement mais il l'acceptait de bon coeur, attrapant finalement doucement les mains de Xavier pour les entrelacer aux siennes, avec délicatesse. Là, il était bien. Là, il se sentait vivre alors qu'il reprenait une grande bouffée d'air frais en caressant les mains de son camarade de ses pouces, ses yeux se relevant avec une pointe de volonté dans ses grands globes. "Parle moi de toi, Xavier. J'ai l'impression que tu sais déjà tout de moi alors que toi, tu restes mon plus grand des mystères. A part que t'es un as de l'écriture et de la littérature, beau à en crever, j'ai pas beaucoup d'informations sur mon tuteur favori." Il le regarda avec adoration, se mordillant la lèvre avec amusement avant de lui sourire sereinement, ses grands yeux bleus innocents captant le moindre de ses traits, tour à tour. Ludwig ne s'était jamais senti aussi apaisé qu'à ce moment là, quand son coeur battait à mille à l'heure, quand son cerveau ne désirait qu'une seule et unique chose... Xavier. Dans sa totalité. Purement et simplement.
panic!attack
+ my eyes adore you

Xavier Hershey-Leslois
Xavier Hershey-Leslois

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▬ job : Squatteur de bibliothèque professionnel
▬ love life : Polarisée par des yeux méthylène
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pslb7bxD771ura1cxo4_250

Nous n'avons rien à faire, nous ne pouvons rien faire, nous ne devons rien faire que nous aimer, nous aimer le plus fort et le mieux que nous pourrons, jusqu'à la fin, dans notre monde à nous, écarté du reste, dans notre île, et nous appuyer l'un sur l'autre pour faire triompher notre amour par sa seule force, par sa seule énergie, en silence.

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig 84d6d017e4b02405ff418a13f2101b7ed088ebf0


▬ alias : Iracebeth
▬ copyright : Ira'beth

   



Il était étrange de voir comment la confiance pouvait fonctionner parfois. Dans le cas de Xavier, il n'était pas rare qu'on la lui accorde presque instantanément. Comme si quelque chose chez lui donnait envie de le faire, permettait de ne pas douter de l'écoute, de la loyauté ou même de l'aide qu'il pourrait apporter. Et c'était une situation qui lui plaisait. Il n'était pas nécessairement ouvert en apparence mais il s'était toujours sincèrement intéressé à ses interlocuteurs. Il pouvait être d'une patience immodérée, rester silencieux, juste attentif pendant des heures sans broncher. Il retenait tout, parfois même les petits détails. Il était là sans qu'on ne le lui demande forcément, fiable, inébranlable, comme si de rien n'était. Comme si c'était normal, sans arrière-pensée. Son entourage au fil du temps avait fini par trouver ça ordinaire. Il n'était alors pas rare qu'il compte sur lui, sans lui demander son avis. Il était la force tranquille, libre de tout tourment et muet comme une tombe s'il le fallait. On s'appuyait sur lui comme si c'était la chose la plus évidente. Et ses géniteurs évidemment étaient les spécialistes en la matière. Même son père, pourtant indéniablement absent. Les rares fois où ils se voyaient, l'homme parlait surtout de lui, se confiait même parfois, lui racontait des événements dont le fils qu'il était se serait bien passé. Mais Xavier ne disait rien. Il écoutait, avec attention, posait parfois quelques questions qui faisaient naître un sourire sur le visage de son vis à vis parce que celui-ci voyait alors qu'il n'oubliait jamais, qu'il était intéressé. Mais ces rencontres étaient si peu nombreuses et depuis quelques temps, les conversations, généralement à sens unique, se faisaient surtout au téléphone. L'homme n'avait aucun doute sur son fils cependant. Des trois qu'il avait, il était la seule valeur sûre, le seul à ne jamais lui avoir causé le moindre ennui, le seul à ne jamais lui réclamer quoi que ce soit, ce qui l'obligeait bien souvent à être celui qui avait besoin de faire le premier pas pour se sentir moins coupable de le négliger. Et que de dire de sa mère. Son aîné était rapidement devenu son pilier, sa seule constante. Il était toujours présent, là où tant d'hommes allaient et venaient dans sa vie souvent avec fracas. Elle lui demandait tout, sans y réfléchir à deux fois, elle lui confiait parfois encore davantage alors même qu'elle aurait certainement du en garder un peu. Elle avait un peu tiqué quand il avait décidé de déménager de partir vivre ailleurs mais elle n'avait pas été seule et elle ne l'avait pas lâché pour autant. Elle lui faisait une confiance aveugle pour tout, pour elle, avec ses cadets. Elle ne doutait jamais. Et le reste de la famille n'était pas bien différente. Pas même son grand-père, pas même Lara, pas même son frère qu'il voyait pourtant bien peu. D'une certaine manière, il en retirait une sorte de fierté. Il était l’élément stable, sûr, fiable. C'était rassurant. Il était rassurant. Pour ses amis aussi comme pour ses élèves. Les premiers venaient souvent vers lui dés que quelque chose n'allait pas, dés qu'il fallait parler sans craindre de mauvaises paroles, des conseils déplacés ou des jugements. Léo n'avait pas fait exception après la perte de sa sœur aînée quelques mois plus tôt. Quant aux seconds, ils lui confiaient leur scolarité, leurs difficultés et parfois davantage encore. Au fond parmi ceux qui avaient déjà pu échanger avec lui, qui le fréquentaient d'une certaine manière, il n'avait pas d'ennemis. Il était le mec sympa sur lequel on pouvait compter. Mais il n'était pas certain qu'il puisse en dire autant. Xavier était presque un paradoxe à sa manière. Là où l'on pouvait placer une confiance immuable en lui, lui ne l'accordait pratiquement jamais. Non pas qu'il se méfiait particulièrement des gens, pas du tout même. Mais il gardait pour lui. Tout. Sa vie, ses envies, la personne qu'il était vraiment. Parmi tous ceux que lui pouvait se targuer de connaître parce qu'ils lui avaient confié leur vie, il en était pourtant très peu qui seraient en capacité de parler de lui. Il avait toujours écouté plus que parlé. Il était bien plus souvent là pour les autres qu'on ne pouvait l'être pour lui. Sa vie après tout dans les apparences ressemblait à un long fleuve tranquille, à un ciel sans nuages. Il avait toujours le sourire, ne se plaignait quasiment jamais, ne faisait pas non plus parler de lui, était toujours là quand il fallait. Il allait forcément bien. Alors pourquoi chercher davantage ? Pourquoi tenter d'en savoir plus ? Pourquoi lui rendre la pareille ? La vérité, c'était qu'il n'avait pas vraiment de confident. Il racontait peu, parlait peu. Parfois, il lâchait des brides mais ça n'allait jamais bien plus loin. Parfois bien sûr, ses amis s'intéressaient mais il évitait de conserver la conversation sur lui. Il n'aimait pas être au centre de l'attention, il préférait se taire. Il ne lâchait jamais vraiment prise. Quand il le faisait, c'était sur papier. En noircissant des lignes entières, des cahiers, en mettant des mots écrits sur des émotions ou des pensées qu'il ne disait jamais. Et dans l'ensemble, ça fonctionnait. Il poursuivait son existence, sans désagrément, prenait à charge tout ce qui passait sans flancher, insouciant du fait qu'il n'était pas certain que quelqu'un puisse réellement dire ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait ou même simplement ce qu'il aimait ou détestait. Comment il voyait son avenir, comment il vivait son passé, comment il gérait le lycée ou la vie de manière générale. Au fond, qui est-ce que que ça aurait pu réellement intéresser ? Et puis, il n'aimait pas s'imposer.
Pourtant depuis près d'une semaine, il avait lâché les rênes, au moins en partie. Les barrières qui avaient cédé étaient plus que celles qui le protégeaient, elles étaient aussi celles qui le retenaient. Depuis ce lundi soir magnifique, il était sans filtre. Franc dans ses sentiments, dans ses ressentis. Il offrait sa pensée en même temps que son cœur, sans trop y penser mais aussi sans regret. Presque égoïstement, il voulait que Ludwig le connaisse. Au moins un peu. Qu'il puisse le voir tel qu'il était pour ne pas au bout du compte qu'il le rejette ou le renie. Se dire que finalement cet homme avec qui il était, comme ils l'avaient tous fait, n'en valait pas forcément la peine. S'il devait le voir autrement, il préférait que ce soit bien assez tôt et puis surtout il espérait que ce qu'il découvrirait n'allait pas lui déplaire. Mais quand bien même, il aurait oublié toutes ses considérations, quand bien même elles resteraient réellement secondaires, il aurait incapable de faire autrement. Incapable de faire semblant, de ne pas lui signifier ce qu'il était, ce qu'il avait changé, ce qu'il avait créé. De ne pas lui faire comprendre son importance. C'était encore une fois pour l'autre finalement mais surtout pour lui. Et pour lui, il aurait tout donné, tout livré, tout abandonné sans état d'âme puisqu'au fond, il la possédait déjà. Alors autant lui offrir une confiance sans borne et s'il venait à l'anéantir, ça n'aurait aucune importance. Que lui resterait-il vraiment s'il venait à lui être ôté ? Il ne préférait pas y penser. Non pour l'heure tout ce qui comptait, c'était ce qu'ils avaient, ce qu'ils vivaient ensemble et c'était la plus belle de toutes les réalités. En dépit des médisances, de la distance et de l'ombre dans laquelle ils devaient évoluer. Il vivait dans un univers où Ludwig Carpentier le voulait et c'était la seule chose qui pouvait importer. Tout le reste était inexistant, futile, secondaire.
Ce soir-là alors, il n'avait ramené en lui aucun mur, aucune frontière. Il avait attendu avec impatience le moment de le retrouver, guetter l'instant où il saurait où, peu inquiet à cette idée. Le temps avait poursuivi son cours bien trop lent mais ça en avait valu la peine. Il avait fini par retrouver sa vue, le contact de ses lèvres, la chaleur de son étreinte. Il était de nouveau entier, complet, vivant. Il l'observait avec émerveillement et l'écoutait avec piété. Il le découvrait encore davantage et se demandait avec ébahissement s'il cesserait un jour de connaître ce sentiment. Celui qui lui donnait l'impression de l'aimer encore un peu plus à chaque instant qui s'écoule, avec chaque minute passée à l'apprendre et à le connaître. Il espérait que ça ne s'arrêterait jamais et quelque chose lui disait que c'était ce qui se produirait. Parce qu'il était impossible qu'il puisse être un jour capable de ne plus s'extasier sur sa chance et sur la couleur irréelle des yeux du jeune Carpentier. Pour l'heure, il constatait surtout avec ce même sentiment, les talents de pâtissier de son partenaire. Il était définitivement trop surprenant. Mais c'était une pensée enthousiasmante, excitante même et porteuse de belles promesses. A cette occasion, il en apprit donc davantage. Il en sût un peu plus sur ses parents qu'il avait déjà mentionné, se demanda s'il avait déjà été dans la boutique, imagina avec un certain amusement un Ludwig avec quelques années de moins s'évertuant dans un laboratoire de pâtisserie en prétendant être mauvais. Il se dit qu'il adorerait pouvoir l'observer faire un jour, espérait qu'il pourrait en avoir l'opportunité.
"C'est une tradition de famille, du coup. Ben, je suis navré pour ton père que tu ne prennes pas la suite mais tu te débrouilles drôlement bien. Pour ce que je peux en juger. C'est super bon. Mais je comprends que t'es pas forcément envie de suivre ses traces. On peut apprécier un truc sans vouloir en faire son métier. J'espère que j'aurai la chance de te voir faire un de ces jours"
La suite lui donna envie de se rapprocher davantage de lui, ce qu'il fit sans combler entièrement la distance. Il observa ses joues rosies, son regard baissé, n'amorça aucun geste pour ne pas le brusquer mais en voulut soudainement à ceux qui avaient ramené sur cette Terre un être exceptionnel sans s'en rendre compte.
"Hey, moi pour ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, t'es doué pour la pâtisserie, t'es doué pour les surprises et t'es encore plus doué pour embrasser. Ca fait déjà quelques dons sympas si tu veux mon avis. Je vais certainement pas m'en plaindre en tout cas."
Avec un sourire amusé mais empli de certitudes, il ramena la conversation sur l'instant, sur le lieu, sur cet endroit surprenant et particulièrement plaisant. Il l'écouta alors lui parler de sa portée, de l'histoire qu'il partageait avec et puis il le regarda se lever promptement. Il était incertain de la situation et en même temps fébrile. Il ne fût pas déçu. Loin de là. Il l'écouta livré son monologue avec une fascination exacerbée. Il le redécouvrait. Il en retombait amoureux, une nouvelle fois, d'une intensité plus forte encore, plus suffocante. Ce fut soudain, instantané. Ce fut magnifique, beau et vivant. Ce fut la vie en l'espace de quelques secondes qui défila devant lui, sous ses yeux, sur ses traits. Oh, il ne s'était jamais aussi peu trompé. Il savait depuis près d'une semaine maintenant que ce garçon était tout, qu'il était l'autre part de son âme, qu'il était le propriétaire de son coeur, qu'il était l'objet premier de ses pensées, son éternité. Il le sût à nouveau mais avec une évidence nouvelle, une certitude inébranlée, une émotion pure et ardente. Il eut bien du mal à se concentrer sur ses mots dont la portée n'était pas futile tant il était obnubilé par lui, par son expression, par son regard qu'il n'avait pas lâché, par la beauté plus irréelle encore qui irradiait de lui. Il était captivé, prisonnier de ses prunelles, de sa voix et de ses traits. Détenu de l'instant, du moment présent, unique, puissant. Le temps n'avait plus de prise, le monde aucune portée, aucune consistance. Il n'y avait plus que lui. Lui et cette transcendance. Lui et ce bouleversement de l'existence si beau qu'il aurait pu en pleurer. Il n'en fit rien pourtant, figé vers lui, sur lui, intoxiqué par sa présence, captif volontaire. La part rationnelle de son esprit avait noté l'auteur, la pièce, le passage qu'il venait de lui déclamer, sans doute de retour dans le monde penserait-il à ses mots, à leur sens, à leur force plus claire encore au vue de sa prestation. Le souffle coupé, l'émotion fiévreuse, il finit par rompre le silence. Il était contenu, incertain mais il avait relâché son regard et même avec difficulté, il paraissait avoir retrouvé sa voix. Ca ne suffisait pas pourtant, alors il se leva. Il se remit à sa hauteur pour lui faire face, pour le sentir entre ses doigts, pour être certain de sa tangibilité. Il l'écouta sans perdre son regard, l'affection jouant avec l'émotion, la fascination avec l'absurdité, la douceur avec la pureté.
"Je le suis déjà, Ludwig. Follement amoureux. Et tant que toi et moi, nous ne sommes pas un mensonge, je tomberai amoureux de tout ce que tu seras, de tout ce que tu es."
Il traça ses traits une seconde, sans le quitter des iris, l'émoi plus présent encore.
"Moi aussi, je m'en souviendrai. Parce que c'était aussi beau que toi et que je suis définitivement le type le plus chanceux du monde."
Il saisit ses mains entre ses phalanges pour les porter à ses lèvres avec une adoration renouvelée. Sans cesser de sourire, heureux de vivre, d'exister. D'être dans cet instant avec lui. Oui, il s'en souviendrait. Il se souviendrait de tout, de chaque trait, de chaque baiser, de chaque sourire et de la chance qu'il connaissait. La vie pouvait être si belle parfois, si magnifique. La raison revint encore peu à peu, après qu'il eut tenté de lui faire comprendre qu'il ne s'était pas trompé de parallèle. Il écouta les questions suivantes, accueillant son intérêt pour lui comme une agréable surprise. Il n'avait jamais eu l'intention de lui cacher quoi que ce soit, il lui avait donné sa confiance à l'instant où il avait saisir ses lèvres mais il n'était malgré tout pas habitué à ce qu'on s'intéresse à lui, vraiment. Il savait que Ludwig l'était sinon il ne serait pas avec lui mais la sensation restait étrange. Si peu commune. Il se souvint que quelques jours plus tôt, il lui avait dit qu'il intéressait mais c'était différent de l'entendre puis de le vivre. Il observa leurs mains entrelacées comme un écho à ce premier jour puis revint se noyer dans l'océan de ses yeux, accueillant avec un sourire le constat que son partenaire faisait de ce qu'il savait. Il était presque gêné mais il ne se défilerait pas. Pas avec lui. Pas avec le seul être qui semblait pouvoir l'aimer alors même qu'il en savait encore si peu. Par où commencer ? Par ses premières questions peut-être. Se mordillant la lèvre inférieure en écho, il se détacha de ses prunelles comme pour réfléchir, ramenant son attention sur les mains, sur les doigts noués.
"Je crois pas être jamais devenu extraordinaire mais ça, c'est un autre sujet. Alors pour l'écriture ..... L'écriture, j'ai du commencer y a ... dix ans peut-être. J'ai toujours aimé lire. Même avant de savoir lire, je me baladais toujours avec un bouquin sous le bras. Ça a pas trop changé, tu me diras. Je me réfugiais dans les histoires parce que ... parce que chez moi, c'était ... compliqué. Mes parents se disputaient pas mal et ... "
C'était tellement étrange, tellement déroutant. Il se rendit soudain compte que ce qu'il s'apprêtait à lui dire, il n'en avait jamais parlé. Il ne l'avait jamais partagé avec personne, pas même Sarah qui, pourtant, était sa seule véritable lectrice. Il avait toujours trouvé normal de tout garder, de ne pas être celui qui se confiait, de ne pas s'exprimer. Pourquoi l'aurait-il fait ? Avec qui ? Là, pourtant, il réalisa. Certes, il avait déjà eu des conversations, presque à cœur ouvert, même avec sa mère à quelques occasions mais c'était des instantanés, rien de plus profond que ça, pas vraiment des confidences. Il avait toujours été prudent, soucieux de ne pas l'inquiéter ou la heurter. Mais avec Ludwig qui ne savait rien encore, il n'avait pas à y penser. Il pouvait être franc, sincère, honnête avec ses sentiments, libre de raconter.
"et je sais pas, je ... je suis pas trop du genre à m'exprimer même si je le fais avec toi. Mais chez moi ... ou même avec d'autres, c'était ... je sais pas, j'osai pas. Alors je me perdais dans la fiction. Et puis vers mes ... huit, neuf ans, ils ont divorcé. J'avais pas grand monde à qui parler et je ... je voulais pas plus me mettre à déranger. Alors je me suis mis à écrire. A écrire sur moi ou à inventer des histoires. A créer des univers fictifs que je pouvais maîtriser. Au début, c'était juste des petits trucs et puis en vieillissant, avec le temps, les lectures, les événements, l'expérience aussi, j'ai développé un peu plus. Maintenant, je passe presque autant de temps à lire qu'à écrire. Ça se complète bien finalement."
Avec un nouveau sourire, il chercha ce qu'il pourrait lui dire de plus. Il sentait qu'il attendait davantage. Jouant avec ses mains, il l'invita à s'asseoir à nouveau mais cette fois, il resta proche, il garda ses mains entre les siennes, cherchant son regard de temps à autre, jouant avec ses doigts.
"Qu'est-ce que je pourrais te dire d'autre ? Je crois que je t'avais dit que j'avais une grande fratrie. Six gamins. Que des demi-frères et soeurs. Deux du côté de mon père et trois du côté de ma mère. Mon aînée, Lara, va sur ses trente ans et le plus petit, Théo vient de faire ses deux ans. J'ai surtout grandi avec les derniers. Mon père a été marié ... quatre fois, bientôt cinq mais il a jamais été du genre à réclamer les gardes. C'était toujours les mères donc j'ai pas trop vécu avec les premiers, hormis pendant les vacances. Jusqu'à récemment, Lara me voyait surtout comme un boulet, un gamin gênant qu'on lui collait entre les pattes. Maintenant, ça va ... mieux, je dirais. Et Dimitri est ... très indépendant. On s'est jamais trop fait sauf à une certaine période. Mais les autres par contre, c'est pas pareil. J'ai pas mal de différence avec aussi mais je m'en suis pas mal occupé. Encore aujourd'hui. J'étais avec eux cet après-midi avant de venir ici. Je connais moins Théo que les autres parce que je vis plus avec ma mère depuis ... ben ça va faire deux ans aussi. Ma grand-mère est morte à peu près à la même période et comme pour une fois, le père restait, je me suis dit que je pouvais m'éloigner un peu. Mon grand-père était en train de dépérir alors je suis allé vivre avec lui ... Qu'est-ce que je pourrai te dire encore ? ... J'ai fait du ... violon quand j'étais plus jeune. Pendant, je crois ... deux, trois ans. C'était la tradition du côté de la famille de mon père. On y est tous passé. Mes aînés ont détesté mais moi, ça me déplaisait pas. Mais après le divorce, j'ai pas continué. On a dû déménager avec ma mère et c'était devenu trop loin. J'aurai pu trouvé un autre prof mais j'ai pas ... j'ai pas insisté. C'était déjà assez compliqué pour elle sans avoir à me transporter à droite, à gauche pour des activités. Je jouais parfois encore un peu avec ma grand-mère quand je la voyais, c'était elle qui était douée. Elle descendait de la noblesse alors ça faisait partie de son éducation. Mais depuis sa mort, j'y ai pas retouché. Après j'ai pas trop fait d'autres activités. Je passais déjà ma vie à la bibliothèque. Enfin si, j'ai fait un peu de boxe aussi vers mes ... treize ans, je crois. C'était une idée de mon frère après que je me sois pété la main en me battant contre des idiots au collège. Moi qui cherchait déjà à être discret pourtant ... Je crois qu'on voit encore les marques ... Fin, bref, il a trouvé que c'était une bonne idée. Ca a duré quelques mois, je crois que ça devait être la période où on s'est le plus vu mais les vacances sont arrivées et on a pas continué ... Je sais pas ce que je pourrai te dire de plus. J'ai pas l'habitude de ... parler de moi. J'écoute, j'écris mais ... je parle pas. Fin, pas trop. Pas de moi en tout cas ... Toi aussi, tu m'as dit que t'avais un frère ou une soeur, non ?"
Il avait l'impression d'avoir discouru sur sa vie sans s'arrêter et ça le laissait toujours un peu inconfortable. Il était bien pourtant. A l'aise, heureux. Il espérait ne pas avoir saoulé le garçon à côté de lui de ses paroles. Il l'observait toujours, jouant encore avec ses mains, passant son regard sur les siennes et les marques blanches qu'il avait mentionné plus tôt. C'était si loin et pourtant, ces derniers jours, il s'était senti prêt à les ré-ouvrir. Pour lui, s'ils l'attaquaient de trop près. Il possédait tout. Même désormais sa confiance, même ses mots. Et les battements de son coeur qui ne cessaient de chanter, de vivre et de l'adorer parce qu'il avait le sentiment qu'il était libre, libre de tout lui dire, de lui appartenir. Libre de l'aimer.
¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
Ludwig Carpentier

▬ look like : Axel Auriant-Blot
▬ talks : 126
▬ job : Serveur de hot dog en plus du lycée.
▬ love life : Messy as hell. Loved by a beauty king. His first one. His only one.
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro3_500

"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_potctcscRc1r1tkjgo3_250


▬ alias : Zézette
▬ copyright : Macky

   



Xavier & Ludwig



Il avait changé. C'était devenu une évidence en l'espace de quelques mois, seulement. Ludwig avait longtemps été le gamin qui suivait le destin que l'on forgeait pour lui sans se poser de questions sur ses réelles intentions. Pendant de nombreuses années, il avait suivi la troupe, sans se dire qu'il n'y avait tout bonnement pas sa place parce qu'il était différent et que jamais on ne l'accepterait pour cela. Simon finirait par ouvrir les yeux sur les divers mensonges que son meilleur ami avait laissés paraître au fil des années. Ludwig n'avait pas fait exprès évidemment, inconscient encore de tout ce qui se tramait au fond de son coeur mais les conséquences étaient tout de même présentes. Personne ne pourrait lui pardonner aisément ses pas en dehors des sentiers battus, pas ses plus proches amis en tout cas. Ils étaient tous le cliché même du lycéen qui cherche à s'intégrer dans un monde nouveau, non seulement en y prenant part mais en l'investissant pour devenir le roi du monde. C'était en tout cas la sensation qu'ils en avaient tous lorsqu'ils partaient en vadrouille pour un week end entier, laissant Ludwig sur les rotules parce qu'il avait dû suivre le rythme malgré son travail à côté de ses activités extra-scolaires. Simon avait toujours plus ou moins posé cette pression sur ses épaules: s'il voulait exister aux yeux des autres, il était hors de question de se faire oublier et louper ne serait-ce qu'une seule soirée, c'était prendre ce risque. Après tout, il y avait plusieurs bandes qui menaçaient l'apogée de la leur au sein de l'établissement et Simon n'aurait pas pu supporter une seule minute qu'on vienne le détrôner de son cher piédestal. Alors, Carpentier avait pris ses responsabilités, le suivant comme un petit chien à tous les événements organisés par les sportifs de la région, même si pour cela, il devait enchaîner une soirée avec dix heures de travail. La vie ne s'arrêtait pas à son petit job de vendeur de hot dogs, même si certains soirs, le jeune homme aurait certainement apprécié. Depuis la fin du collège, en tout cas, Ludwig était ce garçon, toujours dans les embrouilles des gens populaires sans avoir réellement d'avis sur les questions qui turlupinaient ses camarades. Suivre le rythme, c'était s'intégrer sans avoir besoin de prendre de risques inconsidérés, sans jamais avoir besoin de se dévoiler en réalité et Ludwig savait pertinemment que c'était sa plus grande peur. Il connaissait déjà depuis deux ans que les hommes ne le laissaient pas indifférents, même s'il n'avait jamais rien tenté en ce sens bien évidemment. La réalité l'avait frappé un soir, aux abords de Noël alors qu'il faisait la queue pour aller voir un film quelconque avec Simon. Celui-ci n'arrêtait pas de commenter toutes les filles qui passaient et même si Ludwig était un peu intéressé, il lâcha vite l'affaire en voyant passer devant lui un brun d'une vingtaine d'années, aux yeux perçants. Il l'avait trouvé beau au milieu de cette foule et il esquissa un léger sourire envers lui. Cela aurait pu cesser à cet instant là, cela aurait certainement dû puisque l'homme vint déposer un baiser sur les lèvres d'une fille quelconque dans la file et Ludwig se concentra à nouveau instinctivement sur les paroles de son meilleur ami. L'affaire s'était répétée quelques fois, sans qu'il ne puisse y faire grand chose, constatant au bout de plusieurs tentatives qu'il était tout autant intéressé par les hommes que par la beauté de Camille. C'était un soir chez lui qu'il avait compris qu'il ne pourrait jamais être totalement le garçon qu'il dépeignait à Simon depuis leur entrée dans l'adolescence. Il avait fait le compte des quelques jeunes hommes qui avaient attiré son regard dans les mois qui venaient de s'écouler et force était de constater que ce n'était pas qu'une coïncidence. Bien sûr, à ce moment là, les yeux océans rivés vers le plafond, il repensa à la première fois où il avait été confronté à cette sensation. C'était Xavier, bien sûr, qui lui avait prodigué ce premier frisson. Tout le reste avait découlé d'une simple seconde, d'un revirement de situation totalement inapproprié dans son cerveau pour que Ludwig vende son âme à ses yeux bleutés. Ce que l'adolescent n'avait pas anticipé, c'était le futur. Ce qui adviendrait d'eux une fois que les barrières auraient été brisées. Carpentier ne s'était pas attendu à lui adresser la parole, jamais. Lorsqu'il était venu lui demander de l'aide avec ses notes, il n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'il faisait. Il avait juste suivi le flot des rumeurs, les quelques recommandations de ses professeurs pour trouver l'aide dont il avait besoin. A cette époque là, Ludwig était même persuadé avoir oublié la sensation que Xavier lui avait fait ressentir lors d'une soirée de seconde, son regard perçant le sien le temps d'une demi seconde. Il fallait qu'il ait oublié s'il voulait se sortir vivant de ce guet-apens. Il y était allé donc, sans forcément repenser à ce passé lointain, certain qu'il pourrait gérer parce qu'il aimait Camille et que leurs deux mondes n'étaient compatibles. C'était vrai qu'ils étaient différents: ils n'avaient ni les mêmes centres d'intérêts ni les mêmes cachettes mais quelque chose circulait entre eux, une énergie, un sentiment, un fil invisible qui les rendait plus proches que n'importe qui d'autre sur cette planète. Ludwig aurait dû s'en douter dès cette fichue seconde dans le noir presque complet et la musique assourdissante mais il avait attendu plusieurs années pour concrétiser ce fantasme, pour vivre de ce doux frisson que son partenaire lui procurait toujours.

Chaque jour avait été une malédiction pour Carpentier jusqu'à la semaine passée. Jusqu'à ce que, enfin, son monde entre en collision avec celui de Xavier. Avant cet instant, il n'avait pas eu l'impression de vivre, à peine de survivre et voilà qu'il était projeté dans un univers grandiose où les yeux de son interlocuteur faisaient battre son coeur à mille à l'heure. Il n'aurait jamais pu croire qu'il aboutirait ici, dans le théâtre de son enfance, là où il s'était développé, à l'abri du moindre regard, en compagnie du doux littéraire. Rien ne prédisposait cette conclusion et une partie de lui avait conscience que tout cela pouvait être éphémère si le monde venait à les rattraper, mais Ludwig préférait ne pas y penser à l'heure actuelle. Oui, Simon était certainement quelque part à attendre des nouvelles de lui pour mieux le blâmer en évoquant avec lui les rumeurs pas si fausses que cela, en réalité. Il y avait également Camille qui attendait de lui un comportement exemplaire de sa part au sein de sa famille dès le lendemain et Ludwig n'avait franchement pas hâte d'y être. La galaxie entière semblait être contre eux, le temps ne jouerait pas en leur faveur de toutes les façons alors le jeune homme tenait à ce qu'ils puissent jouir des heures suivantes sans avoir la moindre pensée qui viendrait les court-circuiter. C'était tellement simple à réaliser quand on avait Xavier en face de soi, un Xavier jovial, toujours aussi réservé derrière ce masque imparable de beauté. Il allait tellement bien avec le décor environnant, certainement parce que Carpentier avait toujours apparenté le théâtre à un lien de connivence pour toutes les beautés de ce monde, à son sens. Comment passer à côté alors de celle qu'il ramenait ce soir-là? Le littéraire était le centre même de ce splendide qu'il s'était créé dans son esprit. Depuis une semaine déjà, Ludwig ne vivait plus que pour cela, que pour satisfaire ses envies les plus folles d'être avec lui. Il avait l'impression de n'avoir besoin que du grand brun pour se sentir vivant. Son coeur était éveillé pour la première fois de son existence: Ludwig ne mentait pas, pour une fois et la sensation était si pure, si douce, si innocente. Il se demandait comment il avait bien pu subsister sans cela jusqu'ici. Xavier était son salue personnifié, cette apogée de son existence et il en était effectivement persuadé au moment de le regarder, non, le découvrir plutôt parc que c'était le thème de leur soirée. Ils n'avaient eu que peu de temps pour échanger en dehors des quelques passions littéraires de Xavier, une passion qui provoquait un mal de crâne épouvantable à Ludwig. Ce soir là, ils devaient inévitablement s'éloigner des livres pour se créer de réels souvenirs, ancrés dans autre chose qu'une heure de tutorat au fond d'une bibliothèque mais au centre même de la scène qui avait fait naître Ludwig sous la lumière des projecteurs de son oncle. "Disons que je suis pas prêt à vivre avec cette pression là. Mon père est hyper respecté dans son milieu et c'est cool, c'est sûr. Mais moi, je tiens pas à être le fils de... Celui qui a plus de vie en plus vu les horaires d'un boulanger. Après, je peux pas cacher que j'aime ça, cette sensation que t'as quand t'accomplis un super gâteau et que tu vois quelqu'un que tu aimes le dévorer, c'est... Totalement incomparable, tu vois." Il venait de le vivre en coinçant son regard sur les réactions de Xavier après la première bouchée. Forcément, Ludwig avait adoré ces quelques secondes où le silence avait été de rigueur pour que le jeune homme puisse profiter des sensations en bouche. Il était doué pour la pâtisserie, c'était une évidence mais il voulait juste que cela reste un loisir comme un autre, un loisir qu'il perfectionnerait en se servant de Xavier comme de cobaye les soirs d'hiver dans leur maison, à eux. Cette idée le fit sourire forcément et la proposition du beau brun ne fit qu'ajouter à sa trépidante joie. "Ah ouais, tu veux être là quand je suis aux fourneaux? Je tâcherais de t'inviter au labo un de ces quatre... Et puis, je suis sûr que je pourrais t'apprendre deux ou trois trucs, comme toi tu as pu m'apprendre en littérature." Il lui fit un clin d'oeil, se doutant que Xavier serait un bien meilleur élève qu'il pouvait l'être depuis plusieurs semaines. Ce n'était une surprise pour personne mais Ludwig avait énormément de difficultés dans cette matière, peut être parce qu'il vivait avec un trouble de l'apprentissage caché ou bien parce qu'il avait de la peine à rester concentré plus de deux minutes sur quelque chose qui le barbait autant. Il aimait faire vivre des textes mais il détestait les voir couchés sur un papier, fade et inexistant. C'était pour cette raison qu'il était acteur plutôt qu'écrivain, se plaisant bien plus dans l'émotion que dans l'interprétation de quelques lignes qui s'emmêlaient dans son crâne, en plus. Il n'avait pas ce genre de problématiques lorsqu'il se retrouvait au milieu d'une scène, libre des mots qui s'échappaient de ses lèvres, là, les yeux plantés, dans ceux de Xavier. Un instant suspendu en dehors du temps, dans cette éternité qui était la leur désormais. Ludwig aurait pu frissonner, il l'aurait certainement fait s'il n'avait pas été dans la peau de ce personnage le temps de quelques secondes parce qu'il avait senti l'intensité du regard de son compatriote sur ses traits. Il lui avait même rendu cette intensité dans la force d'un souffle de fin de monologue, dans ce regard si profond quand il avait les yeux grands ouverts, aussi bleus que la mer de son enfance. "On a jamais été un mensonge, toi et moi. On le sera jamais." Il ne pouvait pas réellement dire plus parce que la conviction dans le ton de sa voix parlait pour lui. Ludwig savait fort bien ce qu'il avait gagné en laissant entrer Xavier dans sa vie malgré les désapprobations que cela engendrerait de tous côtés pour lui. Il ne pouvait pas vraiment lutter contre cette évidence folle, préférant la cacher pour l'heure afin de profiter au mieux de la quiétude qui les habitait lorsqu'ils étaient ensemble. "Je suis tout aussi chanceux d'avoir un public aussi expressif, et rien qu'avec ses yeux par dessus le marché." Il lui indiquait ainsi qu'il avait senti la force de son regard durant son jeu et qu'il s'en était nourri pour donner plus encore de lui même. Ludwig était parti pour répéter ce petit jeu un certain nombre de fois tant que le grand brun ferait partie de sa vie. Il lui souriait le plus sincèrement du monde en emmêlant leurs doigts au milieu de la scène, la lumière posée sur eux. L'univers entier aurait pu les voir si cela avait été un soir de représentation et Ludwig n'en aurait pas eu honte une seule seconde, l'amour se lisant au coeur de ses yeux de méthylène à ce moment là. L'instant dura puisque Xavier se mit à lui conter une partie de son histoire, le lycéen se retrouvant happé au coeur d'un univers étonnant. Voilà que Hershey lui narrait les origines de son amour pour l'écriture et forcément, comme tout bon auteur qui se respectait, le tout était né d'une terrible blessure enfantine. Ludwig n'avait jamais su que Xavier venait d'une famille compliquée à ce point, il donnait toujours l'impression d'avoir été élevé dans le plus pur des équilibres. C'était loin d'être le cas en vue de ce qu'il lui racontait, entre les divers mariages de son père et les amourettes de sa mère. Il dût avoir les yeux écarquillés durant la majeure partie du monologue de son conjoint, s'asseyant en face de lui sans réaliser qu'il l'avait fait. Il était concentré sur Xavier, sur toutes ces choses qu'il n'avait apparemment jamais dites à qui que ce fut jusque là. Carpentier se sentait privilégié d'avoir obtenu sa confiance aussi aisément alors que tout ce qui était dit relevait d'un intime caché par le beau brun. A côté, Ludwig avait une histoire des plus simples et il était même prêt à en rire, jusqu'à ce qu'il entende la question de Xavier. "Wow, tout ça? Je comprends pourquoi t'es devenu écrivain, t'as des milliards de trucs à raconter sur ta famille. Je suis désolé d'apprendre que tes parents ont pas l'air de t'apprécier à ta juste valeur au milieu de leurs histoires et leurs enfants respectifs... Ils loupent un grand homme si tu veux mon avis. Mais quelque part, je peux que leur être reconnaissant parce que sans tout cela, t'aurais pas été ce Xavier là, celui que j'ai avec moi ce soir." Il lui sourit, portant son regard vers leurs mains entrelacés, captant la cicatrice que Xavier avait mentionné dans son très long discours. Son menton porté sur ses genoux, Ludwig se mit à caresser la trace blanche avec un plus vif intérêt, sans arrêter de la regarder, comme passionné par ce qu'elle avait raconté. "J'aurais bien envie de te voir avec un violon ou des gants de boxe dans les mains... Mais je sens que tu t'es trouvé dans l'écriture et avec tes grands parents, c'est super d'être aussi proche de quelqu'un comme ça dans sa famille, je suis pas hyper familier du sentiment, mais je suis désolé pour ta grand mère... T'avais l'air de l'aimer beaucoup." Il n'osait pas tellement l'interroger sur ses relations avec la défunte, ce n'était pas franchement dans ses intentions de rendre Xavier triste alors que la soirée devait être placée sous le signe du plus beau des bonheurs. "C'est bizarre mais j'ai du mal à t'imaginer en train de te battre, même au collège. T'es plutôt du genre à ignorer les idiots, enfin au lycée en tout cas alors, je me demande ce qui a bien pu se passer pour que tu craques comme ça." Clairement, Xavier était bien plus fort que lui en la matière, toujours imperturbable vu de l'extérieur alors que Ludwig était toujours proche de l'abîme. Il avait été ainsi depuis son enfance, l'angoisse l'entraînant vers des spirales tortueuses. Son regard remonta finalement vers les traits de Xavier, le bleu de ses yeux amouraché de son expression. "Ouais, ça, j'avais remarqué que parler, c'était pas ton truc alors je me sens honoré que t'aies eu envie de me dire quelques trucs sur toi malgré tout... Merci." De jouer le jeu. D'être là. D'être celui qu'il aimait après tout ce temps à n'être qu'un étranger pour tous les autres. Ludwig ne se détachait plus de ses yeux, leurs mains toujours liées alors qu'il reprit sa respiration, bougeant quelque peu sa tête sur ses genoux pour penser à ce qu'il allait bien pouvoir répondre. Edda. Un cadeau et une malédiction pour les Carpentier. Ludwig ne se voyait pas vivre sans elle mais il avait tout autant du mal à l'assumer quand il savait à quel point on pouvait la juger. Il était son frère malgré tout et il l'aimait, c'était le plus important peut-être. "J'ai une petite soeur, Edda. Elle a onze ans et... C'est compliqué. Elle est née différente, enfin handicapée. Mes parents veulent la mettre dans un institut parce qu'ils peuvent pas tout le temps s'en occuper avec la boulangerie et moi... Si je fais des études, je pourrais pas être là, enfin, je sais pas... J'ai pas envie de ça pour elle. Elle mérite mieux que nous de toute façon." Il savait à quel point les Carpentier était un poids parfois, lui comme ses parents et pour une jeune fille de son âge, avec autant de handicaps, c'était difficile de le supporter. "Le futur fait peur parfois, non?" C'était la conclusion la plus difficile pour Ludwig, stressé par tout, mais surtout par l'incertitude qui peuplait sa vie. Pourtant, il adressa un sourire timide à Xavier, se disant qu'avec lui à ses côtés, il pourrait y survivre. Main dans la main.
panic!attack
+ my eyes adore you

Xavier Hershey-Leslois
Xavier Hershey-Leslois

▬ look like : Maxence Danet-Fauvel
▬ talks : 142
▬ job : Squatteur de bibliothèque professionnel
▬ love life : Polarisée par des yeux méthylène
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pslb7bxD771ura1cxo4_250

Nous n'avons rien à faire, nous ne pouvons rien faire, nous ne devons rien faire que nous aimer, nous aimer le plus fort et le mieux que nous pourrons, jusqu'à la fin, dans notre monde à nous, écarté du reste, dans notre île, et nous appuyer l'un sur l'autre pour faire triompher notre amour par sa seule force, par sa seule énergie, en silence.

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig 84d6d017e4b02405ff418a13f2101b7ed088ebf0


▬ alias : Iracebeth
▬ copyright : Ira'beth

   



La peur n'avait jamais vraiment été une partie inhérente de son existence. Il ne se considérait pas comme un individu spécialement courageux, loin de là. Mais dans l'ensemble, il essayait autant que possible de ne pas se laisser guider par l’irrationalité de l’inquiétude. Comment de fois avait-il du affronter avec les siens les dégâts qu'elle pouvait faire ? Sa mère bien sûr était une spécialiste. Elle était angoissée par l'idée de déplaire, par la pensée de la vieillesse, par la perte de cette jeunesse qu'elle n'avait de cesse d'utiliser pour retenir les hommes. Quitte à enchaîner les conquêtes, les enfants et les boulots supplémentaires quand la situation devenait trop compliquée. Inconsciemment, elle avait transmis une part de ses craintes à son aîné mais il tentait de les conserver aussi éloignées que possible, de ne pas les laisser le consumer. Au contraire, il lui servait d'ancre, de point de certitude, prenait sur lui pour trouver un moyen de l'apaiser, de rendre les choses plus vivables. Il parvenait à s'en détacher comme il était parvenu à se défaire de bon nombre de choses pour garder la tête hors de l'eau. A en oublier d'être, il en oubliait de se préoccuper. Parfois pourtant, des brides réussissaient à franchir ses barrières soigneusement hissées, à passer entre les craquèlements pour venir le prendre. Il n'était pas un surhomme après tout, il en était loin. Il souffrait presque de l'intensité des choses, devait s'en protéger pour ne pas trop le payer. Il était rare qu'il s'inquiète pour lui-même cependant. C'était souvent pour les siens. Presque toujours. Pour ses aînés, pour ses cadets. Pour ses amis pourtant si loin mais auxquels il continuait de penser. Il se rassurait autant qu'il le pouvait, s'occupait par ailleurs, prenait des nouvelles régulièrement et gardait pour lui. Parfois quand ça menaçait de le noyer, il couchait sur papier, utilisait l'encre pour déverser le fond de son âme et les méandres de son palpitant chahuté.
Et puis c'était pour lui aussi désormais. Depuis une semaine. Depuis plusieurs jours qu'il ne quittait plus la moindre de ses pensées. Les événements heureux qu'ils avaient partagé avaient fait le tour de l'établissement, du moins en partie. Alors qu'il n'aspirait qu'à la discrétion depuis des années, il se retrouvait au centre de l'attention. Mais ça n'était pas sa situation qui le préoccupait. C'était lui. Lui qui n'avait pas, pour autant qu'il le savait, l'habitude des scandales. Lui qui avait pris possession de son cœur et que l'on considérait désormais comme le nouveau sujet à la mode. Lui qu'il avait pu voir en larmes, recroquevillé sur le sol froid de la réserve de la bibliothèque quand l'histoire avait fait surface. Il n'avait pas compté le nombre de fois où, au cours des derniers jours écoulés, il s'était demandé comment il allait. Comment il gérait cette situation alors qu'il aurait voulu les conserver dans l'ombre. Ça ne l'avait pas dérangé. Pourquoi cela l'aurait-il fait ? Il s'était inquiété la première fois qu'il puisse le rejeter après leur mise en lumière, mettre fin à leur histoire à peine commencée mais il ne l'avait pas fait. Il l'avait laissé rester. Il l'avait laissé être avec lui. Il s'en était senti tellement privilégié. Aujourd'hui encore, il ne cessait de le penser. Comment aurait-il pu en être autrement ? Alors qu'il l'avait invité, alors qu'il l'avait laissé entrer dans son monde, lui avait ouvert la porte d'une partie de lui. Alors qu'il pouvait le boire du regard sans se lasser, goûter ses lèvres indécemment addictives et l'écouter se raconter, s'ouvrir à lui comme Xavier était important. Une part de lui savait que les sentiments qu'il éprouvait à son égard avec une certitude inébranlable étaient partagés. Qu'il y avait une chance pour que Ludwig soit aussi amoureux de lui qu'il l'était mais c'était si surréaliste. Si beau que ça en devenait presque chimérique. Mais pour l'heure, ça ne paraissait pas l'être. Non pour l'heure, il semblait tout à lui, aussi enivré de sa personne. Et dieu qu'il en était magnifique. Avec ses traits fins, son nez droit et ses yeux d'un azur à s'y noyer. Et ce sourire. Ce maudit sourire. S'il était rationnel, sans doute une part de lui lui dirait-elle que c'était presque trop. Que c'était d'une intensité beaucoup trop folle, beaucoup trop tôt. Mais il n'était pas rationnel. Il était un rêveur éperdu, accroché à l'idée que l'amour pouvait être tout et aussi insensée la réalité puisse-t-elle paraître, en cet instant, il ne l'avait pas imaginé. Non, elle était là, bien là, tangible, plus merveilleuse que tous les songes. Tout comme il était là, avec lui. Entre ses doigts, contre ses lèvres, dans le creux de ses phalanges, dans la lueur de ses prunelles. Était-il seulement possible que l'être humain puisse ressentir autant ? Puisse éprouver une émotion aussi forte, aussi grandiose à l'égard d'un autre ? Si seulement il savait. Il n'en avait pas encore saisi toute la portée. Il n'y pensait pas encore pourtant. Il était perdu dans l'instant, dans le moment magnifique qu'ils vivaient et dont il voulait graver la moindre image.
Il était fasciné, avide d'en apprendre davantage, d'en connaître toujours plus. Il avait ce sentiment inextricable qu'à chaque nouvelle information, il en arrivait à tomber encore un peu plus amoureux et c'était quelque chose qu'il ne voulait jamais voir cesser. C'était bien trop beau, trop enivrant pour y renoncer. Il l'écoutait, posait les questions qui lui venaient à l'esprit, saisissait ses mots et le sens qu'il leur donnait. Il l'avait découvert doué d'un talent insoupçonné pour la pâtisserie et en avait été intrigué. Il l'avait alors écouté lui parler de son père, des moments de son enfance dans le laboratoire, de son souhait de ne pas poursuivre dans le même domaine. Il l'avait compris. Lui-même savait qu'un jour viendrait sans doute où son propre paternel se rendrait compte qu'à l'image de ses aînés, il ne suivrait pas non plus ses traces. Alors il comprenait, il concevait pourquoi le jeune homme ne désirait pas être le fils de. La suite l'avait fait sourire mais pas autant que la proposition avec laquelle il avait terminé. Il avait été le premier à le suggérer mais il y avait quelque chose de presque euphorisant à voir Ludwig apprécier l'idée.
"J'attendrais ça avec impatience. Je suis pas certain d'être un très bon élève mais si t'as pas trop peur d'essayer ..."
Cette pensée le fit le sourire et ce dernier ne quitta pas ses traits à mesure que la conversation avança. En un instant cependant, il fut soudain muet. Parce qu'il s'était levé. Parce son regard avait changé. Parce qu'il s'était ancré dans le sien. Et parce qu'il avait joué. Il lui avait livré cette scène, ces mots et une part magnifique de son âme, le laissant hypnotisé. Figé dans le temps, dans le moment, suspendu dans l'éternité, perdu dans le turquoise de ses yeux et la force de son expression. Il était amoureux. Il l'était. Désespérément. Irrévocablement. Et il était bien incapable de le regretter. Il était submergé. Par lui, par sa beauté, par son talent, par l'intensité qu'il dégageait, par l'aura irréelle qu'il renvoyait. Il avait été frappé par le foudre, par une étincelle qui avait mis son cœur en alerte et lui avait rappelé ce que c'était que d'exister. D'être et de vivre. En apparence, ça n'avait été qu'un monologue. Qu'une représentation. Qu'un échantillon d'une pièce et d'un moment. Mais il y avait quelque chose dans sa façon d'être, dans le cristal de ses iris, dans l'aisance de ses traits qui le perdait, qui le rendait coi d'admiration et d'une affection plus grande encore. Il avait été frappé une nouvelle fois. Comme quelques jours auparavant. Il était vraiment le monde, pas vrai ? Oui, il l'était. Et c'était d'une pureté à en crever. Quand le silence était venu reprendre possession des lieux, il avait tenté de le briser, de mettre de l'ordre dans ses pensées. Il avait hésité, incertain de ses mots, de sa capacité à les prononcer. Il avait fini par se lever, par le rejoindre, par se rapprocher, par saisir sa peau pour lui rendre une tangibilité. Ludwig avait eu l'air presque surpris qu'il puisse tomber amoureux d'un comédien. Comment aurait-il pu faire autrement quand c'était lui ? Quand il le transcendait de cette manière en l'espace de quelques répliques ? Avait-il seulement conscience de ce qu'il était ? De ce qu'il représentait ? De ce qu'il lui faisait ressentir ? Comment aurait-il pu ne pas tomber amoureux alors qu'il l'était déjà ? Alors que c'était vrai ? Qu'ils étaient vrais ? Il se l'entendit confirmer et il ne put empêcher le sourire de s'étendre sur ses lèvres. Il répéta la fin avec un murmure, plus pour lui que pour son vis à vis, émerveillé par l'idée.
"On le sera jamais"
Il l'espérait et en même temps, il le sentait. Il le savait. Il en ressentait une conviction presque aussi belle que les sentiments dont elle naissait. Il l'adorait. Déjà. Et c'était étourdissant. Il souriait toujours, plus heureux que jamais. Abasourdi par sa chance. Saisissant son regard dans le sien, il poursuivit alors d'une fois à peine plus élevée.
"Je serais très honoré d'être à nouveau ton public un jour alors. Si jamais tu le voulais."
Ses doigts entre les siens, il ne cessait de l'observer, de se nourrir de ses traits et de son magnifique sourire. Il espérait qu'il le voudrait et quelque chose lui disait que ce pourrait être le cas. Il en rêvait déjà, noyé dans l'envie, dans l'impatience, dans l'inspiration qu'il faisait naître encore chez lui. Nul doute que cette nuit-là quand il rentrerait, il graverait encore des mots dont il serait l'origine, dont il serait l'essence. Peut-être même écrirait-il pour lui, aussi. Quelque chose qu'il pourrait jouer, un jour. Mais ses pensées furent occupées en cet instant par autre chose. Il voulait le connaître. Il voulait savoir. D'où l'écriture lui venait, qui il était. Pour quelqu'un qui ne se confiait jamais, l'idée était presque inconfortable mais elle n'était pas effrayante pour autant. Il l'accueillait avec tout ce qu'elle signifiait. Souriant à ses mots, à ses questions, à leurs mains toujours jointes et à cette possibilité grisante qu'il existe un être en ce monde qu'il intéresserait sincèrement. Au delà des apparences, de l'image qu'il pouvait donner, des paroles qu'il offrait et des sourires qu'il affichait. Il avait réduit ses murs en poussière pour l'étendue diluvienne de ses prunelles, il avait cédé son cœur à la portée de son être. Et il avait offert son âme sans le mentionner parce c'était l'évidence, parce qu'elle lui appartenait déjà. Que pourrait-il conserver encore ? Il parla alors, parla probablement plus qu'il ne l'avait jamais fait. Il lui confia l'origine de son amour pour l'écriture, l'histoire de son enfance, le récit de sa fratrie, d'une partie de sa vie actuelle. Il mentionna les siens, ses parents, ses frères et sœurs, ses grand-parents aussi et ce qu'il pouvait faire d'autres. L'origine de sa pratique du violon, de ses temps dans la boxe et puis soudain, il ne sut plus qu'ajouter. Sans doute aurait-il eu de quoi poursuivre, après tout, il n'en avait pas tant dit mais c'était déjà tellement, c'était déjà tellement plus. Il ne savait qu'en faire. Alors il avait ramené l'attention vers lui. Vers cet être auquel il s'était finalement confié, au moins un peu. Cet être auquel il savait qu'il appartenait. Il avait conservé son attention concentré sur leurs phalanges entrelacées, ne s'autorisant à relever le regard vers lui qu'une fois qu'il eut terminé, incertain de ce à quoi il devait s'attendre. Sans doute n'était-ce pas ce qu'il avait imaginé. Sans doute était-il différent de l'image qu'il avait eu de lui jusque là. Tant que ça n'était pas pour lui déplaire. Sa réaction ne se fit pas attendre et elle ne manqua pas de lui déclencher un sourire. Il avait eu l'impression d'avoir tant parlé qu'il ne put qu'accueillir ses mots avec une expression presque amusée sur les traits. Il le vit porter son attention sur ses mains, sur les marques sur ses doigts qu'il avait mentionné quelques secondes plus tôt. Son sourire se fit plus affectueux qu'il l'entendit évoquer ses grands-parents. De manière générale, il tentait de ne pas trop y penser, de ne pas se laisser submerger alors même qu'il vivait dans le lieu de leur histoire. Il n'avait pas retouché un violon depuis son décès même si celui-ci trônait toujours dans un coin de sa chambre. Peut-être un jour le referait-il, peut-être un jour le garçon à ses côtés lui donnerait-il envie de rejouer. Il avait le sentiment qu'il pourrait et l'idée lui plaisait. Il pensait à son grand-père qui continuait d'entretenir l'instrument dont jouait son épouse avec un soin presque religieux alors même qu'il aurait été incapable d'en faire.
"Pour la boxe, je peux rien te promettre mais le violon qui sait. Peut-être qu'un jour, je te montrerai, si tu veux. Je suis sûr que ça lui plairait. De savoir que j'ai quelqu'un pour qui jouer. Elle était ... particulière, si on peut dire. Un sacré caractère. Tout le contraire de son fils. Mon père. Mais je sais pas. Je pense que tu lui aurais plu. Je sais déjà ce qu'elle aurait pu dire si elle avait pu te rencontrer. Enfin ... je t'aurai pas obligé bien sûr."
Il remarqua qu'il n'avait pas lâché ses mains et pour cause, la suite le ramena des années en arrière. Et il fut incertain. Incertain de ce qu'il pourrait dire, de ce qu'il pourrait révéler. Le mentionner était une chose mais le ramener à la surface. S'il savait pourtant. S'il savait que pour lui, il pourrait recommencer en un claquement de doigts, en l'espace d'une seconde d'inattention, d'une parole de trop. Il n'avait jamais reparlé de cette histoire. Elle avait été enterrée aussitôt passée, l'unique embûche dans son existence en apparence sans problèmes. De l'aveu des siens, ça lui collait si peu qu'ils n'avaient pas saisi pourquoi, qu'ils avaient pris ça pour un accident de parcours, qu'au fond ça n'était rien. Et pourtant. La violence qui était née dans le creux de ses veines ce jour-là n'était pas morte. Elle était loin, latente mais pas inexistante. Il n'y avait plus jamais laissé court, l'avait même canalisée pendant un temps avec son frère. Il aurait presque pu l'oublier, il avait construit de si belles murailles. Mais ça aurait été une illusion. Parce qu'elle était toujours là, bien présente et qu'une fois encore, ce qui pourrait la déclencher ne le concernait pas directement. Ca ne concernait qu'eux. Ceux auxquels il tenait. Et dire qu'il tenait à Ludwig aurait été un euphémisme. Qu'en penserait-il pourtant ? Le fuirait-il soudainement ou resterait-il ? Considérait-il lui aussi l'événement comme une simple erreur ou comprendrait-il ce qu'ils avaient tous failli à saisir ? Peut-être devrait-il se taire, peut-être devrait-il l'enfouir encore mais à quoi cela servirait-il ? A le rendre méfiant ou inquiet, à lui faire peur plus tard si jamais il revenait à céder ? Il était sien après tout. Peut-être valait-il mieux qu'il puisse poursuivre en connaissance de cause. La pensée furtive qu'il puisse ne pas le vouloir l'effraya momentanément. Il n'y céda pas pourtant. Peut-être prendrait-elle corps par la suite mais pour l'heure, il refusa surtout de se cacher. Il n'avait pas honte. Loin de là. Il s'était juste trouvé faible ce jour-là. Il n'était pas certain d'avoir changé de sentiment à ce sujet depuis. Alors les yeux fixés sur la trace blanche sur ses doigts, il parla à nouveau. D'une voix plus posée, paradoxalement plus fébrile, presque suspendue.
"C'est vrai qu'en temps normal, je ... résiste plutôt bien. Maintenant et même avant. J'arrive à faire abstraction, à les ignorer, à faire comme si de rien n'était. Et en temps normal, c'est pas trop compliqué. Je sais que ça compte pas, que ce sont que des mots en l'air pour faire réagir ou pour attirer l'attention. Et ça compte pas parce que ... parce que ça concerne que moi, tu voies. Ca touche que moi. Sauf que ce jour-là ... c'était pas le cas. Je t'ai dit que ... je t'ai dit que ma mère avait eu d'autres gamins après moi. Après ... après le divorce, elle a commencé à sortir pas mal. A vouloir se rassurer. Elle a eu des histoires. Et euh ... l'une d'entre elles, ça a été avec ... un de mes profs. Ils étaient discrets. Y avait pas de souci. Personne savait et c'était très bien comme ça. Moi tant que je le croisais pas trop à la maison, ça me faisait pas grand-chose. Mais ça a pas fonctionné. Ils ont rompu et en soi, ça aurait pu s'arrêter là. Sauf que .... ma mère est pas comme ça. Quand ses histoires prennent fin, c'est ... la fin du monde. Enfin bref ... ils se sont recroisés pour la réunion parents / profs. Mon père devait venir mais il a annulé. Comme d'habitude. Alors c'est ma mère qui s'y est collé. Malheureusement. Ils se sont disputés. Devant les parents, les autres élèves, les autres profs. Ça a fait le tour du bahut. Elle, elle s'en foutait. Et normalement, moi non plus ça m'aurait rien fait. Sauf qu'ils ont commencé à parler d'elle dans les couloirs après ça. A la traiter de ... J'ai résisté. Je te jure que j'ai résisté. Mais un jour, ça a pas suffi. J'ai craqué. J'étais déjà grand à l'époque et pas trop mal bâti. Ils ont été tellement surpris. Mais je ... je pouvais plus, tu voies. J'ai juste ... j'ai craqué. Je les ai frappé, je me suis explosé la main et j'ai été renvoyé. Une semaine. La seule tâche sur mon dossier scolaire. Personne a compris. Mais moi je savais pourquoi. Je pouvais pas ... je pouvais pas. On peut dire ce qu'on veut sur moi, je m'en fous. Aujourd'hui encore, j'en ai rien à faire. Mais pas sur quelqu'un auquel je tiens. Ça, je .... ça je peux pas. J'essaye, je te jure que j'essaye mais ... je sais pas. Quand c'est pas contre moi, ça fait mal. Même maintenant ... même avec ... Même maintenant. Je suis plus un gamin de douze ans, j'ai une meilleure résistance mais ... je ... c'est dur quand même. "
Quand il termina ce qu'il se surprit à être une nouvelle tirade, il se rendit compte qu'il était fébrile. Bien plus qu'auparavant, il s'était retrouvé avec le cœur au bord des lèvres. Il n'avait pas cédé à l'émotion mais elle était là, elle était remontée, revenue le prendre sans crier gare, l'amenant à se révéler plus qu'il ne l'avait anticipé. Parce que bien plus que par les éléments de sa vie qu'il avait pu confier un peu plus, il s'était exposé. A la lumière vibrante de la scène, à la lueur qu'il redoutait désormais d'affronter dans le regard du jeune homme assis avec lui. Que pouvait-il bien penser de lui désormais ? Il avait tenté de se justifier, de lui faire comprendre. Il ne savait pas si c'était nécessaire mais il l'avait fait quand même. Il avait manqué de céder sur la fin pourtant. Les événements étaient désormais trop proches de son présent. De la sensation qu'il avait ressenti au cours des derniers jours en les entendant parler de son partenaire. Il avait résisté pourtant et il entendait résister encore, aussi longtemps qu'il le pourrait. Parce qu'il savait que ça ne leur rendrait pas service, que ça leur causerait du tort et c'était bien la dernière chose qu'il souhaitait. Il voulait continuer d'en valoir la peine.
Il avait finalement relevé les yeux vers lui, conscient d'avoir tant parlé alors qu'il était plutôt du genre à se taire, accueillant ses mots. Il avait laissé une question en suspens le concernant, au sujet de sa propre famille, de cette sœur qu'il lui avait mentionné. Et il l'avait écouté. Il n'avait pas su trop quoi rajouter. Surtout après sa conclusion. Cette question suspendue dans l'air. Le futur lui ferait-il peur avec lui aussi désormais ? En avaient-ils encore un ? Pourquoi fallait-il que cette idée le saisisse ? Il la haïssait. Il l'abhorrait autant qu'il aimait l'être qui la faisait naître. De quoi avait-il peur désormais ? Que craignait-il, lui qui ne vivait pourtant pas dans la peur ? Il pourrait le ruiner s'il le voulait. Le réduire en cendres. L'idée était redoutable mais elle était vraie. Il le sut aussitôt.
"Il peut faire peur, oui."
Un murmure, à peine. Une appréhension sur les traits, dans le regard qu'il noya dans le sien. Un fin sourire presque ému, tout aussi timide. Sans doute était-il irrationnel encore mais qu'y pouvait-il. Sa raison n'était plus depuis qu'ils avaient crée leur histoire, depuis qu'il avait croisé ses prunelles et senti ses lèvres contre les siennes. Depuis qu'il avait compris qu'il était perdu. Qu'il était amoureux. Et qu'il lui appartenait. Quoi qu'il advienne.
¤ Cutie pie ¤

Ludwig Carpentier
Ludwig Carpentier

▬ look like : Axel Auriant-Blot
▬ talks : 126
▬ job : Serveur de hot dog en plus du lycée.
▬ love life : Messy as hell. Loved by a beauty king. His first one. His only one.
▬ quote : Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro3_500

"Parce que c'est toi. Parce que c'est moi. Regarde-moi. Nulle autre n'a l'envie de toi comme j'ai besoin de toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_pobndcXvud1wi07bro6_500

"Si par mégarde la faute est mienne alors, renie-moi là. Simplement sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi et quand l'absence désincarne et hante l'univers, je n'avais plus qu'à trouver l'âme et retrouver peut-être... Peut-être toi."

Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes. ¤ Xawig Tumblr_potctcscRc1r1tkjgo3_250


▬ alias : Zézette
▬ copyright : Macky

   
Il ne pouvait qu'être fébrile parce que ce n'était pas supposé se passer ainsi, Ludwig n'était pas censé, non, aimer une personne du même sexe que lui. Quelque part, il se condamnait à subsister dans la plus intense des solitudes car ses parents n'accepteraient probablement jamais ce genre d'actes de la part de leur enfant prodige. Cela amenait un flot de pensées négatives dans le crâne de Carpentier parce qu'il en arrivait à en vouloir à sa soeur de ne pas être normale, de ne pas porter, elle, le fardeau familial. C'était lui qui devait assurer l'héritage alors qu'il n'avait jamais rien demandé à personne. Il voulait juste vivre une vie peinarde, loin des regards des gens puisqu'il en avait bien trop peur. C'était déjà le cas dans le microcosme du lycée, alors comment y survivre dans une société plus gigantesque encore? Ludwig n'avait jamais appris à gérer et depuis une semaine, tout s'enflammait sans qu'il ne puisse rien maîtriser. Il voulait être aux côtés de Xavier pourtant, même s'il allait se terrer dans un mensonge auprès de son amie d'enfance, celle qu'il avait cru aimer pendant si longtemps. Comment allait-il gérer un repas de famille où il n'avait pas sa place? Le lendemain était déjà une atrocité avant même qu'il ne l'ait vu. Ludwig voulait se concentrer sur l'instant présent, sur ses mains liées à celles de Xavier, à ce regard si doux qu'il portait sur lui alors qu'ils parlaient enfin de leur vie respective. C'était quelque peu angoissant de s'exposer ainsi mais la conversation restait des plus naturellement, sûrement parce que la confiance était d'ores et déjà importante entre eux. Le jeune Carpentier savait pourtant qu'ils en souffriraient l'un et l'autre, à un moment donné, parce qu'ils étaient l'exemple typique de l'histoire impossible à l'instant présent. Cela n'avait pas empêché Ludwig de préparer tout un tas de pâtisseries et de sortir le grand jeu de manière plus générale en choisissant le théâtre comme lieu pour un premier rendez-vous. C'était un moment d'une grande intimité, un souvenir qu'il chérirait certainement jusqu'à son dernier souffle puisqu'il n'avait jamais partagé son talent caché avec quiconque d'autre. Il n'y avait que Xavier qui avait droit à tous les privilèges, lui qui savait à quel point c'était difficile pour lui de s'exposer. Il était l'ombre d'un groupe populaire, celui qui ne désirait pas faire de vagues, se faire le plus petit possible dans un coin tout en faisant partie du lot d'exception du bahut, un vrai paradoxe à lui tout seul. Rien n'avait prédit qu'il se retrouve aussi proche du grand brun à ses côtés mais la vie pouvait parfois être surprenante et son tuteur faisait partie de cette catégorie d'individus exceptionnels à côté desquels on ne pouvait pas passer. "Va pour les pâtisseries dans ce cas... Loin du mensonge du reste du monde, avec le meilleur public que j'ai jamais eu. On verra si je suis capable de remonter sur les planches devant toi, rien n'est sûr." Ludwig était tellement angoissé au quotidien qu'il n'était jamais certain de réussir à se lever au petit matin, alors prendre possession d'une scène toute entière? C'était quelque chose qui avait l'air complètement fou mais peut être que pour Xavier, il avait à nouveau envie d'essayer parce que ses yeux le portaient aux nues, c'était quelque chose qui résonnait jusqu'au tréfonds de son âme. "Ça m'aurait fait plaisir de pouvoir la rencontrer, bien sûr. Mais je la verrai à travers ton violon, je la rencontrerai dans une ambiance un peu particulière, j'en suis certain." Elle n'était peut être plus présente physiquement mais Carpentier était convaincu qu'elle vivait encore sous les doigts de son petit fils. Xavier avait bien trop de talent pour qu'il arrive à le gâcher, un archet à la main. Alors, Ludwig serait patient, il l'était toujours avec les gens qui comptaient pour lui. La preuve, il arrêta tout mouvement en écoutant son beau brun s'épancher sur ce qui s'était passé quelques temps auparavant, avec sa mère et un de ses professeurs. Les yeux bleutés de Ludwig s'arrondissaient au fur et à mesure du monologue et il serrait les mains de son partenaire en ne clignant même plus des yeux. Autant de souffrance chez un seul être, c'était quelque chose qui touchait Carpentier et instinctivement, il relâcha ses mains pour venir coller son front à celui de Xavier, ses mains fermement posées sur ses joues parce qu'il ressentait son trouble, il était devenu le sien par procuration parce qu'ils étaient ensemble et que, de ce fait, ils partageaient tout, sans concession, aucune, non. "Eh, c'est rien. Tu fais ce que tu peux et jamais je t'en voudrais d'avoir des émotions et de vouloir prendre soin des gens qui comptent pour toi. Je te demande juste de faire attention à toi. Pense à toi aussi, t'oublies pas dans tout ça parce que c'est ta vie aussi. Et si tu dérapes, c'est elle que tu mets en péril, ton entourage peut vivre sans que tu les protèges autant... T'es fort, j'en doute pas une seconde." Il lui montrait qu'il n'avait pas besoin de faire preuve de violence pour le protéger dans les couloirs du lycée puisque cela ne changerait pas grand chose au final. Ses amis s'amuseraient tout de même avec sa patience, son angoisse gagnerait encore et Xavier se mettrait dans de sales histoires. Non, il devait tenir le coup et Ludwig caressa son nez du sien, un léger sourire aux lèvres, doux comme il savait si bien l'être avec les gens de son entourage lui aussi. "Mais il va pas nous vaincre pour autant. Faut y croire." Même si c'était dur parce que tout empirerait certainement, la situation était loin d'être idyllique mais Ludwig avait besoin d'être optimiste, au moins pour ce soir parce qu'ils n'étaient que tous les deux et le monde autour ne pouvait pas les blesser. Pas dans cet endroit. Jamais ici.

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